LES UROLOGUES en formation prennent une part importante à la recherche puisque de plus en plus d’internes en urologie passent par au moins une année de recherche avant leur clinicat ; le nombre de masters 2 se développe. L’AFU accompagne cette évolution et son conseil d’administration à augmenter le nombre de bourses de recherche, qui est passé de 4/5 à 11 par an, avec des thématiques tournant essentiellement autour de la cancérologie, des troubles mictionnels, de l’andrologie et de la neuro-urologie.
La recherche est un ensemble qui regroupe recherche fondamentale, clinique et pharmacologique. Actuellement, en ce qui concerne la recherche fondamentale, 26 structures dirigées par des urologues accueillent étudiants, doctorants et post-doctorants. Les travaux sont régulièrement présentés dans les congres nationaux et internationaux et l’urologie française continue à être considérée comme dynamique et inventive.
Trop peu d’inclusions dans les études cliniques.
Pour les protocoles de recherche clinique, l’AFU travaille en collaboration étroite avec le GETUG (Groupe d’études des tumeurs urogénitales) le GENULF (Groupe d’études neuro-urologiques de langue française), l’AIUS (Association interdisciplinaire post-universitaire de sexologie). « Les urologues ont pris conscience de la nécessité de participer à ces études cliniques mais les inclusions restent trop peu nombreuses, remarque le Pr Lebret, en particulier dans le domaine de la cancérologie, cette faiblesse de la recherche clinique en urologie constitue une épine irritative par rapport à l’INCA et aux autres institutions alors que le plan cancer préconisait d’incorporer au moins 20 % des patients dans des programmes de recherche académiques. »
Les urologues participent à la recherche pharmacologique en partenariat avec l’industrie pharmaceutique, spécialement en oncologie et pour des essais de phase III et IV, beaucoup plus rarement pour les phases I et II réservées aux structures de recherche dédiées a cette activité spécifique. Sur le versant chirurgical, la recherche s’intéresse aussi aux techniques opératoires, en particulier à la robotique pratiquée essentiellement pour les tumeurs de la prostate, du rein et pour la correction des troubles de la statique pelvienne.
Une importante publication.
À noter de nombreux travaux sur les produits hémostatiques et des progrès sur les biomatériaux ; leur utilisation s’est imposée dans la discipline, que ce soit pour le traitement de l’incontinence urinaire, des dysfonctions érectiles ou des troubles de la statique pelvienne aussi bien chez l’homme que chez la femme.
En cancérologie, le taux de publications émanant d’équipes d’urologie est de 58 % pour le cancer de vessie, 22 % pour le cancer de la prostate, 32 % pour le cancer du rein et 12 % pour le cancer du testicule. Par ailleurs plus du tiers des travaux de recherche sur les cancers urologiques sont publiés dans des revues urologiques.
Les « années du cancer de la prostate ».
En cancérologie, 2012 et 2013 seront les « années du cancer de la prostate » avec l’aboutissement de toutes les recherches sur de nouvelles molécules et les premières prescriptions de traitements hormonaux. L’arrivée de l’acétate d’abiratérone et l’enzalutamide, pour le traitement des cancers métastatiques résistants à la castration vont modifier considérablement le paysage de la prise en charge de ces cancers de prostate. Leur place comme traitement anti-androgène devra être définie dans les prochaines années. Le rôle centrale de l’urologue dans cette pathologie devrait conduire a de nouveaux travaux de recherche.
En neuro-urologie, des progrès ont été réalisés aussi bien en pharmacologie avec la toxine botulique et autres substances injectables qu’avec la neuromodulation qui améliore la symptomatologie vésicale par la stimulation des racines sacrées par exemple dans l’hyperactivité vésicale.
La transplantation rénale a tiré profit de l’utilisation des solutions de perfusion pour le transport des greffons et des machines à perfuser les reins « limites » lorsque le donneur est âgé ou hypertendu par exemple. Les services de transplantation s’équipent maintenant de ces machines qui améliorent la qualité des greffons et le taux de succès de la transplantation, augmentant ainsi le nombre de greffons disponibles.
L’apport du robot.
Les cancers du rein bénéficient de l’utilisation du robot qui a permis d’élargir les indications de la chirurgie partielle dans les tumeurs rénales. Au stade métastatique, de nombreuses molécules sont apparues dans la pharmacopée en concurrence ou plutôt en complément du suntinib. Aucune ne se détachant clairement des autres en ce qui concerne l’efficacité, le plus difficile reste maintenant de faire le choix dans la prise en charge séquentielle, en intégrant bien sur non seulement le gain en survie mais également et surtout les modifications de la qualité de vie. « L’objectif maintenant est en effet d’orienter la recherche vers l’évaluation de la qualité de vie au moins autant que sur sa durée », rappelle l’urologue.
Le cancer de la vessie reste le parent pauvre de la recherche en urologie avec peu de progrès depuis de nombreuses années. Néanmoins les projets concernant les tumeurs vésicales ont été retenus dans le cadre des investissements d’avenir du Grand emprunt ; la cohorte COBLANCE va ainsi suivre pendant 6 ans 2000 patients. Elle se constitue avec 18 centres en France, centres privés et public universitaire ou non. Un des objectifs majeurs est l’évaluation des données épidémiologiques, économiques, cliniques, anatomopathologiques et de biologie moléculaire afin d’identifier sur une large population les biomarqueurs prédictifs de l’évolution de la maladie.
De nombreux travaux portent aussi sur l’évaluation des pratiques avec en particulier deux études, l’une conduite par l’équipe de Nîmes et l’autre par l’équipe de Créteil afin de comparer dans le cancer de la prostate (Pr Salomon) et dans les troubles de la statique pelvienne (Pr Droupy) les trois techniques chirurgicales classiques, cœlioscopique seule versus assistée du robot chirurgical.
En andrologie les progrès les plus récents viennent de la mise à disposition d’un nouveau traitement pharmacologique prescrit dans l’éjaculation prématurée.
On n’observe pas de grande avancée dans les troubles du bas appareil en dehors du laser qui fait son entrée dans la pratique quotidienne pour traiter l’hypertrophie bénigne de prostate. Sur le plan médical, la recherche a permis de montrer que les inhibiteurs de la phosphodiestérae 5 (Cialis) avaient une action bénéfique sur l’hypertrophie bénigne de la prostate et enfin un traitement médical de l’éjaculation prématurée avait fait la preuve de son efficacité.
Enfin les méthodes de traitement ont évolué dans la lithiase rénale, grâce à la miniaturisation des instruments qui permettent maintenant de remonter par les voies naturelles dans l’uretère et dans le rein pour détruire les « cailloux » en cas d’échec de la lithotritie classique.
Toutes ces avancées sont très positives, néanmoins la recherche en urologie souffre d’un déficit d’inclusion des patients dans les protocoles. Cela est dû au manque de personnel (attaché de recherche clinique) et de moyen afin de faciliter les démarches administratives.
D’après un entretien avec le Pr Thierry LEBRET, Hôpital Foch, Suresnes.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque