Depuis le début du mois de juin, le groupement pharmaceutique Pharmabest propose à ses adhérents de Paris, Marseille, Monaco et Alès un service de prévention et de dépistage des cancers de la peau à l'officine. Une initiative soutenue par le Syndicat national des dermatologues, mais vivement attaqué par plusieurs autres organisations dont la Société française de dermatologie (SFD).
Le principe est le suivant : les patients ayant un doute sur un grain de beauté ont la possibilité de se rendre chez leur pharmacien qui mènera un entretien pharmaceutique au cours duquel des clichés de la lésion sont pris et transmis à un dermatologue volontaire par ScreenCancer, un appareil d'imagerie médical spécialisé. Ce dernier donnera un premier avis médical sous 15 jours, consultable sur un service en ligne sécurisé. En cas de doute, une infirmière de la firme ScreenCancer contactera le patient pour l'inviter à des examens complémentaires.
Pluie de critiques
L'idée n'est pas du goût de la SFD, de la Fédération française de formation continue en dermatovénérologie (FFFCEDV) et du Collège des enseignants en dermatologie de France (CEDEF). Dans un communiqué commun, ils rappellent que « l’expérience montre que, dans l’immense majorité des cas, le diagnostic de mélanome ne résulte pas de l’examen d’une lésion suspecte que le patient est venu montrer spontanément, mais d’un examen complet du corps entier que seuls un médecin généraliste ou un dermatologue sont à même de réaliser efficacement ».
Les signataires du communiqué dénoncent en outre une initiative mercantile. Le service est en effet facturé 28 euros par grain de beauté suspect examiné, et 14 euros pour chaque grain de beauté supplémentaire, non remboursé. Une somme « intégralement reversée au télépraticien et qui reste inférieure au prix d'une consultation chez un dermatologue libéral de secteur 1, qui est de 30 euros », rappelle le Dr Anne Bellut, dermatologue libérale installée près de Nancy et secrétaire général du Syndicat national des dermatologues.
Un faux sentiment de sécurité
« Cette initiative s'est faite sans aucune concertation » avec le reste de la communauté médicale, reproche le Pr Pascal Joly, président de la SFD, qui craint que les patients qui se présentent chez leur pharmacien avec une lésion non cancéreuse « ne repartent avec un faux sentiment de sécurité et néglige de se faire examiner régulièrement par un dermatologue ». Une critique jugée « hors sujet », par le Dr Bellut pour qui ce service de prévention « ne se substitut pas au dépistage réalisé par le dermatologue, mais constitue une action de sensibilisation au dépistage et à la protection solaire ».
Les patients qui se présentent chez leur pharmacien avec une lésion qui les inquiète « vont se voir inviter à faire un examen annuel chez leur dermatologue », précise enfin le Dr Bellut. Concernant l'utilisation de la télédermatologie, le Dr Bellut estime qu'il « est évident qu'elle ne se substitue pas au cabinet, mais ce serait une erreur de la balayer d'un revers de main. Les pharmaciens procurent déjà des conseils de protection solaire qu'il nous parait important qu'ils contribuent à proposer une porte d'entrée dématérialisée au dépistage ».
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