Souvent considéré comme une maladie de la civilisation liée à l’exposition à des polluants (tabac, soleil, substances présentes dans l’environnement), le cancer n’en est pas moins une pathologie présente depuis la nuit des temps chez l’Homme. La trace la plus ancienne de cancer jamais retrouvée remonte au paléolithique, il y a 1,7 millions d’années. Elle a été identifiée en 1948 sur un métatarse transformé en outil dans la grotte de Swartkrans en Afrique du Sud.
Excès « d’humeur » et bile noire
C’est Hippocrate qui, le premier, a nommé le cancer quatre siècles avant Jésus Christ : « Il a utilisé le terme de carcinome pour décrire une tumeur du sein qui s'est révélée mortelle », indique le Dr Éric Solary, président du Conseil scientifique de la Fondation Arc, engagée depuis 1962 dans la recherche contre le cancer.
À partir de ce premier « carcinome », le médecin a établi une classification des tumeurs, qu’il considérait comme une rétention de « bile noire », l’atrabile. Six siècles plus tard, Galien renforce la notion d’excès « d’humeur », de bile noire produite par le foie. « Il établit un lien un peu confus avec le sang qui s’épaissit et stagne dans un organe et propose de purger ou d’exciser pour traiter la maladie », précise le médecin. Pendant plus de 2000 ans le cancer sera donc considéré comme une rétention d’humeur.
Plus de 150 ans de recherche
L’invention du microscope et son perfectionnement permettront de comprendre, au milieu du XIXe siècle, que le cancer est en réalité un amas de cellules. Avec la mise au point de l’anesthésie en 1842, un premier traitement contre la maladie fera son apparition : la chirurgie. « La recherche en cancérologie, dans sa version moderne, remonte donc au milieu des années 1850 », indique le Dr Solary. Il faudra ensuite attendre une cinquantaine d’années pour que les avancées de la recherche (découverte des rayons X par Roentgen en 1895, du radium par Pierre et Marie Curie en 1889) permettent à Henri-Alexandre Danlos et Claudius Régaud de proposer, au début du XXe siècle, un nouveau type de traitement : la radiothérapie.
Cinquante ans plus tard à nouveau, les progrès de la science aboutissent à la première chimiothérapie : le Thiotépa en 1950. Et encore 50 ans plus tard c’est l’entrée dans l’ère de la médecine de précision, début 2000, avec l’avènement du 1er médicament ciblant les anomalies génétiques des tumeurs, l’imatinib (Glivec).
« Depuis 2010, les découvertes se sont accélérées avec l’arrivée de l’immunothérapie, actuellement en plein développement », ajoute le Dr Solary. « Il faut donc du temps pour faire émerger tous ces grands progrès, fait remarquer le scientifique, et c’est dans cette dynamique que se situe la Fondation Arc. »
Des pistes prometteuses
Pour le professionnel, s’il est capital de réfléchir aux prochaines étapes qui permettront à la recherche en cancérologie d’avancer, il est tout aussi important de chercher à améliorer les étapes précédentes, ce à quoi s’emploie également la Fondation. Chirurgie robotisée pour des interventions plus précises, meilleure compréhension des effets biologiques des rayonnements en radiothérapie et apports de l’imagerie pour diminuer les effets secondaires des rayons sont autant de progrès en cancérologie obtenus grâce à la recherche.
« Notre rôle, en tant que Fondation, est de favoriser, accompagner, soutenir l’utilisation des avancées technologiques les plus récentes au profit de la recherche sur le cancer en nous inscrivant dans cette histoire très rythmée mais en faisant également en sorte qu’il ne faille pas attendre 50 ans de plus pour voir émerger le prochain progrès en cancérologie », ajoute-t-il. Avec une ultime question en suspens : quelle sera la prochaine grande étape ? « Est-ce que ce sera l’intelligence artificielle et le machine learning, la maîtrise de l’inflammation tissulaire autour de la tumeur ou encore la meilleure compréhension de la biologie des ARN et des protéines ? », interroge le médecin.
D’après un webinaire de la Fondation ARC
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation