« Nous avons découvert un nouveau biomarqueur - un acide biliaire - pour la maladie de Niemann-Pick de type C (NPC) et nous avons développé un dépistage néonatal basé sur ce biomarqueur », explique au « Quotidien » le Dr Daniel Ory, de la Washington University School of Medicine à St Louis, qui a dirigé ce travail.
« Les implications cliniques sont profondes. La réalisation d’un dépistage néonatal de la maladie de NPC permettra pour la première fois d’intervenir en routine chez les patients présymptomatiques, ce qui pourrait retarder la progression neurologique de la maladie et améliorer la qualité de vie des patients », souligne-t-il.
« Une thérapie modifiant la maladie est déjà disponible en pratique clinique et un traitement prometteur, la cyclodextrine, est en phase finale d’essai clinique. Le couplage d’un dépistage néonatal à ces thérapies approuvées et émergentes offre une possibilité sans précédent de modifier l’histoire naturelle de cette maladie », assure-t-il. Et de se réjouir : « C’est un grand moment pour le domaine de la maladie de Niemann-Pick type C. »
La maladie de Niemann-Pick de type C (NPC) est une maladie neurodégénérative fatale causée par l’accumulation lysosomale de cholestérol et autres lipides. Elle est liée à des mutations perte de fonction du gène NPC1 (95 % des cas), codant pour une protéine lysosomiale transmembranaire, ou du gène NPC2 (4 % des cas) codant pour une protéine soluble fixant le cholestérol dans le lysosome.
Spectrométrie de masse
La maladie se manifeste le plus souvent vers l’âge de 5 ans, mais elle peut débuter à tout âge, avec apparition de symptômes viscéraux éventuels (hépatomégalie et/ou splénomégalie) et des symptômes neurologiques et psychiatriques. Il est fréquent qu’elle passe inaperçue ou pour une autre maladie pendant 4 à 5 ans.
La maladie de NPC est une maladie rare dont l’incidence est estimée à environ 1 sur 100 000, cependant elle pourrait être plus fréquente, proche de 1 sur 40 000 selon les récentes analyses génétiques.
Les approches actuelles pour diagnostiquer la NPC ne permettent pas un dépistage néonatal. À la recherche d’un meilleur marqueur sanguin, l’équipe du Dr Ory a réalisé une analyse métabolomique du plasma des patients visant à identifier des acides biliaires élevés. Ils montrent que l’acide biliaire le plus élevé chez les patients peut être mesuré de façon fiable dans des gouttes de sang séché, par spectrométrie de masse. Ainsi, une analyse portant sur près de 5 000 témoins sains, 134 porteurs NPC et 44 patients NPC montre que le test présente une sensibilité et spécificité de 100 %.
« La prochaine étape sera d’évaluer prospectivement ce test dans les laboratoires de dépistage américains afin de définir sa performance, avant de proposer ce test pour l’ajouter au panel de dépistage universel recommandé aux États-Unis », confie le Dr Ory. « Le test est aussi utile pour le diagnostic de routine. Il offre plusieurs avantages sur le test diagnostique standard basé actuellement sur l’oxysterol, notamment une meilleure spécificité, la possibilité de distinguer les patients NPC1 des porteurs NPC1, et sa réalisation sur goutte de sang séchée ».
Science Translational Medicine, 4 mai 2016, Jiang et coll.
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