« JE ME SENS désormais plus fortpour défendre votre budget, via le budget militaire, face aux parlementaires, car le Service de santé des armées est un grand atout national pour accompagner les militaires. » Sous les applaudissements de l’assistance, composées de médecins, pharmaciens, scientifiques et chercheurs de l’armée, Gérard Longuet affiche un soutien apparemment sans faille à la restructuration de l’IRBA, qui vient de lui être présentée. Depuis mars 2009 et jusqu’à fin décembre 2013, l’Institut, installé sur la base aérienne de Brétigny-sur-Orge, a en effet vocation à rassembler 4 centres, encore dispersés entre Marseille (médecine tropicale), La Tronche (recherche contre les armes biologiques, chimiques, nucléaires et radiologiques) et Toulon (médecine navale). Une réorganisation estimée à 48,35 millions d’euros, et qui devrait, selon le Médecin général inspecteur Denis Lagarde, directeur de l’IRBA, conduire à 6,5 millions d’euros d’économies d’ici à2016.
Mais pas question de dépasser les enveloppes initiales. La Cour des comptes a en effet épinglé la gestion, par le SSA, du déficit d’exploitation des hôpitaux militaires (de l’ordre de 280 milions d’euros par an) dans son rapport d’octobre 2010. Le directeur central du SSA, Gérard Nédellec, présente à Gérard Longuet ses propositions en réponse aux 14 recommandations de la Cour le 23 mars prochain. Entre-temps, cette visite à l’IRBA prend des allures d’opération séduction.
Recherche de pointe.
L’armée tient à sa spécificité et le fait savoir. Alors que le choix d’un dispositif hospitalier autonome est remis en cause par la Cour des comptes, l’IRBA défend ses particularités. « Notre recherche ne peut s’effectuer en milieu civil, explique Gérard Nédellec. D’abord, elle obéit à des principes de protection et confidentialité nécessaire. Les questions que nous traitons sont une niche : nous ne recherchons pas de vaccin contre le sida, mais davantage contre le charbon humain ou la peste. Et les chercheurs sont contraints de s’adapter aux risques que connaît notre Armée et ne bénéficient pas de la liberté de choix du civil. »
L’IRBA n’a en effet rien d’un institut de recherche anodin. S’il doit à terme regrouper 4 pôles de recherche scientifique (nucléaire, biologie des agents infectieux, facteurs humains, et recherche médicale opérationnelle), le site de Brétigny-sur-Orge dispose déjà d’un département de médecine aéronautique, où les expériences se concentrent sur les aspects cognitifs et sensoriels. « Parce que nous plaçons l’humain, blessé ou sain, au centre de nos recherches, nous avons reproduit les contraintes environnementales ou les agents agressifs », détaille Gérard Nédellec. Gérard Longuet a ainsi pu visiter la chambre anéchoïque (sans écho), tapissée de matériaux isolants, afin d’étudier la perception des sons et d’améliorer la protection des pilotes par l’émission d’une alarme sonore localisant une menace. À l’inverse, la chambre réverbérante, qui reconstitue une atmosphère très bruyante, permet d’optimiser les outils proposés aux pilotes. Plus impressionnant, la centrifugeuse humaine recréé les accélérations ressenties lors d’un vol sur avion militaire, afin de former les pilotes ou de tester des équipements individuels.
Le ministre, conquis par la démonstration à laquelle il a assisté, a incité les scientifiques à éprouver « de lafierté pour ce très grand projet ». Il a enfin salué « les lignes de force judicieuses » choisies pour la renaissance de l’IRBA, « qui permettent d’effectuer des économies d’échelles et de moyens et de constituer un pôle d’excellence », à deux pas du plateau scientifique du Saclay.
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