Incapacité motrice : des pistes de traitements qui marchent

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Publié le 16/03/2016
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Aujourd'hui, 12 millions de personnes dans le monde sont atteintes d'incapacité motrice due à une exagération du tonus musculaire ou spasticité. Mais les traitements proposés restent peu satisfaisants. Une équipe CNRS de l'Institut de neurosciences de la Timone (université Aix-Marseille) vient de publier, dans « Nature Medicine », une étude pointant l'un des mécanismes moléculaires responsables de la pathologie. Elle propose également deux solutions thérapeutiques après des résultats concluants sur les rats. L'une d'entre elles sera testée lors d'essais de phase II dès cette année.

 

Quand les muscles travaillent trop

 

La spasticité survient après une lésion de la moelle épinière ou au cours de maladies neurodégénératives comme la sclérose latérale amyotrophique. L'hyperexcitation des motoneurones situés dans la moelle épinière provoque la maladie. Ces cellules surexcitées engendrent des contractions incontrôlées des muscles fléchisseurs et extenseurs. Les mouvements locomoteurs deviennent difficiles, voire impossibles. 

Les chercheurs montrent que cette surexcitation provient d'une dérégulation des canaux sodiques situés sur la membrane des neurones. Lorsqu'ils sont ouverts, ces canaux génèrent un flux de sodium qui active les neurones et permet la contraction musculaire. Les canaux se ferment ensuite rapidement grâce à des complexes moléculaires qui les obstruent.

Chez les individus malades, les flux de sodium persistent dans le temps, suractivant les neurones. D'après les spécialistes, un traumatisme de la moelle épinière engendre une suractivation d'une enzyme : la calpaïne. Celle-ci coupe le lien entre le complexe et le canal sodique rendant le système d'inactivation inopérant.

 

Des traitements avec des inhibiteurs

 

L'équipe a testé deux traitements sur des rats souffrant de lésions de moelle épinière. Il a été démontré qu'un inhibiteur du courant sodique persistant, le riluzole, réduit la spasticité. Même si les effets restent temporaires, la molécule présente de l'intérêt vu qu'elle est déjà administrable à des patients. Des essais cliniques portant sur cette molécule sont prévus en 2016. Un inhibiteur de la calpaïne a également donné des résultats encourageants. Les effets positifs sur la pathologie perduraient jusqu'à un mois après la fin du traitement. Les chercheurs ont prévu d'autres tests sur d'autres inhibiteurs de l'enzyme dans l'avenir.

Roxane Curtet

Source : lequotidiendumedecin.fr