Les pathologies neurologiques touchent près d’un milliard de personnes dans le monde. Au cours de sa vie, une personne sur huit sera touchée par une maladie neurodégénérative, un trouble psychiatrique ou un traumatisme du cerveau et de la moelle épinière.
Pour autant, les progrès dans le traitement des maladies du système nerveux restent très limités pour des raisons que le Pr Jean-Yves Delattre, directeur médical de l’ICM et du Pôle médical des maladies du système nerveux de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, attribue à des facteurs multiples : mauvaise prédictibilité des modèles animaux, trop grande focalisation sur des cibles spécifiques, intervention trop tardive au cours du développement de la maladie et problème de la barrière hémato-encéphalique qui bloque le passage des médicaments. Face à ce constat d’échec, une nouvelle direction devait être prise. Le Pr Alexis Brice, directeur général de l’ICM, parle alors de la volonté de bâtir « un écosystème particulièrement innovant » basé sur un concept dit de « recherche translationnelle » qui a prévalu au moment de la conception de l’Institut. L’ensemble repose sur trois piliers fondateurs : la compréhension en profondeur des maladies, le rapprochement entre la recherche pré-clinique et la recherche clinique et l’ouverture de cet environnement à l’industrie par le biais de partenariats publics et privés. Six ans après son inauguration, l’ICM rassemble aujourd’hui 28 équipes de recherche, un centre d’investigation clinique (CIC), un pôle des maladies neurodégénératives et une direction des applications de la recherche (DAR) qui intègre un incubateur de start-ups.
Start-ups et neuro-informatique
L’une des forces revendiquées de l’ICM est de prendre en compte toute la chaîne de soins, plutôt que la seule approche médicamenteuse et de ne se passer d’aucune approche innovante grâce à l’intégration de multiples compétences au sein d’un même environnement. Le Dr Alexis Genin, directeur de la DAR à l’ICM, parle d’une « capacité à capter les hasards heureux », de la volonté de « ne laisser aucune idée dans un tiroir » pour transformer chaque découverte en solution thérapeutique. Dans cette optique, l’incubateur et pépinière d’entreprises Paris Salpêtrière (iPEPS-ICM) accueille actuellement 16 start-ups innovantes dans le domaine du digital, des medtechs et des biotechs. Parmi elles, certaines sont déjà en phase avancée comme CarThera qui a développé un implant crânien qui émet des ultrasons capables, en association avec des agents de contraste, d’ouvrir ponctuellement la barrière hémato-encéphalique et de potentialiser l’effet des chimiothérapies dans le traitement des tumeurs cérébrales. L’application aux neurosciences des techniques mathématiques et informatiques avancées n’a pas non plus été oubliée. Le développement, au sein même de l’ICM, d’un programme de neuro-informatique témoigne de cette volonté d’exploiter toutes les données rétrospectives collectées par les chercheurs et les équipes médicales pour élaborer des modèles prédictifs extrêmement précieux. Le projet Dynamo a ainsi pour objectif d’injecter de grandes quantités de données issues de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer dans des matrices mathématiques complexes pour, à terme, créer un outil informatique simple capable de diagnostiquer la maladie le plus tôt possible et de produire un pronostic d’évolution personnalisé.
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