Le syndrome du cœur brisé ou syndrome de Tokotsubo (TTS) est une insuffisance cardiaque aiguë, caractérisée par une dysfonction du ventricule gauche réversible. Il est déclenché, dans 30 % des cas, par une émotion forte et touche majoritairement les femmes de plus de 60 ans. Une étude présentée ce mardi au congrès 2018 de l'European Society of cardiology (ESC) à Munich, suggère que le cancer est associé à un risque accru de décès et de réhospitalisation chez les patients ayant eu un tel syndrome.
Pour le Dr Francesco Santoro, de l'université de Foggia, en Italie, et auteur principal de cette métaanalyse : « Les patients ayant un syndrome du cœur brisé sont deux fois plus à risque de mourir ou d'être réhospitalisé dans les 3 ans s'ils ont ou ont eu un cancer par rapport à ceux qui n'en ont jamais eu. » Ce constat appelle à un suivi cardiologique rapproché en cas d'antécédent de cancer.
Un pseudo-infarctus du myocarde
Le syndrome du cœur brisé, qui mime un infarctus du myocarde aigu mais sans obstruction coronaire classique, touche majoritairement les femmes à la ménopause.
Plusieurs facteurs émotionnels ou physiques sont avancés : dans 30 % des cas, il s'agirait d'une émotion forte (décès du conjoint, problèmes financiers, colère ou des événements heureux tels qu'un mariage ou une naissance), dans 40 % d'un déclencheur physique (chirurgie) et la cause serait inconnue dans 30 % des cas.
Des études ont précédemment suggéré que le cancer pourrait être un déclencheur : le syndrome du cœur brisé pourrait être un phénomène paranéoplasique et les anticancéreux (5FU, rituximab, antiVEGF) pourraient jouer un rôle.
Une prise en charge spécifique à envisager
Dans cette métaanalyse ayant colligé les données de trois études, un total de 554 patients ayant eu un TTS a été inclus. Un antécédent passé ou actuel de cancer a été retrouvé chez 113 personnes (20 %). Le cancer gastro-intestinal était le plus fréquent, totalisant 23 % des néoplasies, tandis que les cancers du système nerveux et de l'arbre urinaire étaient les plus rares (3 % chacun).
Ces patients ayant un antécédent de cancer présentaient un risque relatif significativement plus élevé d'événements cliniques (arythmies, choc cardiogénique, accident thrombo-embolique, insuffisance respiratoire) lors de l'hospitalisation et du suivi. Si le risque n'était pas statistiquement significatif en cours d'hospitalisation, il l'était pour le suivi.
Pour le cardiologue italien, ces résultats incitent à un séjour plus long en unité de soins intensifs et également à un suivi cardiologique strict. « Les patients ayant un cancer après un épisode TTS devraient sans doute bénéficier du traitement standard de l'insuffisance cardiaque, en particulier d'un inhibiteur de l'enzyme de conversion de l'angiotensine ou d'un antagoniste du récepteur de l'angiotensine », conclut-il.
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