DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
LA DANSE, c’est bon ! Qui se risquera à dire le contraire ? Mais lors du deuxième acte du Monaco Dance Forum, qui célèbre cette année le centenaire des Ballets russes, l’ADMR (Association danse médecine recherche) semble s’être plue à le faire clamer par une scientifique, qui s’est penchée sur la question. Kinésithérapeute et enseignant-chercheur spécialiste du contrôle moteur à l’Université Paris-X-Nanterre, Annabelle Couillandre a en effet présenté plusieurs études qui ne laissent aucun doute : la danse fait du bien aux gens sains comme aux malades, aux jeunes comme aux vieux.
Face à des danseurs professionnels, la chercheuse a humblement parlé de la danse, cette « activité physique artistique, réalisée en musique, peu contrainte par l’avancée en âge, pouvant être pratiquée par tous, développant des interactions sociales ». Sont donc également inclus dans cette définition les bals musette du dimanche après-midi. Selon l’OMS, en 2003, moins de 40 % de la population adulte pratiquait une activité physique suffisante pour en tirer bénéfice pour sa santé, a rappelé Annabelle Couillandre. En France, de 60 à 70 % de la population n’auraient qu’une faible dépense énergétique et manqueraient d’activité physique.
L’université Paris-X a développé un département consacré aux sciences et techniques des activités physiques et sportives. Un programme est actuellement en cours sur l’amélioration de la santé des étudiantes parisiennes. Un cours de danse orientale (12 séances d’une heure) est proposé à la Cité universitaire de Paris afin d’étudier les effets de cette activité physique sur la qualité de vie, le contrôle postural et certains indices (souplesse des membres inférieurs, équilibre, force des muscles abdominaux…). Résultats dans quelques mois.
Positive attitude.
En 2004, une étude (Alricson et Werner) a sollicité des skieurs de fond. Leur pré-entraînement a été basé sur de la danse (ballet, modern jazz et danse de caractère). Les « skieurs-danseurs » ont présenté de significatives améliorations de leur mobilité thoracique en flexion-extension et en souplesse, comparés aux skieurs ayant suivi un entraînement classique. Ils se sont moins plaints de douleurs lombaires. En revanche, ils n’ont évoqué aucun effet bénéfique sur leurs performances à skis.
Une autre étude, réalisée en 1995 aux États-Unis auprès d’adolescents hispaniques et afro-américains, des publics plus touchés par les risques cardio-vasculaires, a démontré les effets bénéfiques de la danse aérobic sur la capacité aérobique de ces jeunes et leur poids et le fait qu’elle entraîne une « attitude plus positive à l’égard de l’activité physique ». Mais si les résultats ont été nets chez les filles, ils étaient nuls chez les garçons ! Ces ados avaient suivi des séances de danse de 50 minutes, 3 fois par semaine, pendant 12 semaines ainsi que des séances d’éducation à la santé.
Une « nouvelle » danse ?
Les seniors aussi tournent la danse à leur avantage. En 2003, ont été comparés deux groupes de personnes de 70 à 75 ans (JUDGE). Les uns marchaient, les autres s’adonnaient au tango argentin. Il a été montré que la pratique de cette danse latine a favorisé l’appui bi- et unipodal, la création de forces de réaction au sol assez élevées et une fructueuse sollicitation cardio-vasculaire. « On a noté un effet sur la vitesse de marche des danseurs et sur leur confiance en leur équilibre », indique Annabelle Couillandre. Les effets psychosociaux sont intéressants eux aussi : interaction sociale, sens communautaire, sens de l’esthétique...
Et puis, tout récemment, on a encore plus finement comparé les effets d’exercices physiques standards à la pratique d’une danse chez des personnes atteintes de la maladie de Parkinson (KEUS, 2007). Le soutien de la musique, qui facilite la motricité, la marche arrière, réalisée dans le tango argentin (puisqu’il s’agissait de cette danse à nouveau) et les « réponses posturales, anticipatrices ou compensatrices » ont donné là encore des indices intéressants sur l’effet de la danse.
« Il existe indéniablement des effets bénéfiques de la danse sur la santé, chez les sujets sains comme les sujets pathologiques, conclut la chercheuse. Maintenant, ces effets sont-ils cliniquement décelables ou transférables dans la vie quotidienne (se pencher et attraper un objet au sol, avec moins de difficultés par exemple) ? Quelles sont les indications spécifiques à la pratique de la danse ? Comment prescrire cette activité en termes d’intensité, de durée, de fréquence ? Et puis, il faudrait désormais se pencher sur les mécanismes des effets observés, établir les liens entre clinique et pratique. Par exemple, les améliorations perçues chez les personnes Alzheimer seraient dues à l’activation d’une structure cérébrale, le putamen, associée à la pratique du tango, probablement liée à la musique. Alors il serait pertinent de créer une nouvelle danse, encore plus adaptée, spécifique aux besoins du sujet. »
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