Près de 44 % de cancers du sein dits « de l'intervalle », c'est-à-dire diagnostiqués entre deux examens programmés, sont de mauvais pronostic, par rapport à 26,9 % pour les cancers détectés par le dépistage, révèle une étude du « JAMA » réalisée chez 306 028 femmes âgées de ≥ 40 ans ayant eu un cancer du sein.
Près de 15 % des cancers du sein échappent au dépistage par la mammographie. Pour les auteurs : « Ces cancers de l'intervalle incluent à la fois des cancers qui étaient présents à la mammographie de dépistage mais qui ont été ratés à l'examen et des cancers à croissance rapide qui sont symptomatiques et ont tendance à être de plus mauvais pronostic que les cancers détectés pendant le dépistage. »
Profil des cancers non détectés
Dans cette étude, le PROSPR consortium (pour Population-based Research Optimizing Screening through Personalized Regimens) s'est penché en particulier sur la question des cancers de l'intervalle de mauvais pronostic, l'idée étant de caractériser les femmes à haut risque pour mieux les identifier.
Pour ce faire, l'équipe coordonnée par le Dr Anne Marie McCarthy du Massachusetts General Hospital a utilisé des données de 33 147 femmes dont le cancer a été découvert dans le cadre du dépistage (mammographie positive) et de 272 881 ayant eu un cancer de l'intervalle (mammographie négative).
La densité mammaire au crible
Dans l'analyse américaine, le risque de cancer du sein après mammographie négative était doublé chez les femmes ayant des seins denses mais la densité mammaire n'était pas un critère associé à un mauvais pronostic. L'âge et les antécédents familiaux n'étaient pas associés à un risque de cancer du sein après mammographie négative. En revanche, toujours après mammographie négative, un âge jeune (40-49 ans) était spécifiquement associé à un risque de cancer de mauvais pronostic, quand les antécédents familiaux et la densité mammaire ne l'étaient pas.
À l'inverse, pour les cancers avec mammographie de dépistage positive, si la densité mammaire n'était pas associée au diagnostic, l'âge ≥ 70 ans et les antécédents familiaux l'étaient.
Pister les femmes jeunes
Autrement dit, pour les auteurs, ces résultats signifient que l'âge et les antécédents familiaux déterminent la valeur prédictive positive du dépistage par mammographie, quand la valeur prédictive négative dépend de la densité mammaire.
« Bien que la proportion de cancer du sein après mammographie négative soit petit, la probabilité que de tels cas soient associés à un mauvais pronostic met en lumière le besoin d'améliorer la détection précoce chez ces femmes », souligne l'étude. Alors que la densité mammaire est un élément souvent mis en avant pour améliorer le dépistage, les auteurs concluent qu'il faut lui associer l'âge pour gagner en efficacité, l'âge jeune étant associé à une croissance tumorale rapide et à un mauvais pronostic.
Si en France comme aux États-Unis, le dépistage du cancer du sein est recommandé tous les deux ans à partir de 50 ans dans la population générale, l'American Cancer Society proposait en 2015 d'intensifier le dépistage chez les plus jeunes, avec une mammographie annuelle de 45 à 54 ans, voire avant 45 ans en fonction des facteurs de risque individuels.
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