L’insuffisance cardiaque chez le sujet âgé est de plus en plus fréquente ; son incidence est aujourd’hui de 120 000 nouveaux cas/an avec une prévalence de 16 % chez les plus de 80 ans et un pronostic sombre. Sa prise en charge est particulière du fait des nombreuses comorbidités dans cette population chez laquelle les études sont trop rares.
L'étude HF80 (Heart Failure 80) est une étude prospective, menée entre octobre 2011 et mai 2013, randomisée, qui a inclus 34 patients répartis en 2 groupes, un groupe de 17 patients ayant un traitement optimisé et un groupe de 17 patients recevant le traitement habituel. Leurs caractéristiques de base : âge, sexe, constantes, classe NYHA (New York Heart Association), comorbidités, biologie, FEVG, qualité de vie et traitement, étaient similaires pour les 2 groupes (avec une moyenne d’âge de 84 ans), à l’exception d’un taux de diabète plus élevé (59 %) et d’une natrémie plus élevée (140 ± 2 mmol/l) dans le groupe traitement optimisé. Les résultats étaient évalués en consultation dont le rythme respectait la pratique du cardiologue pour le groupe traitement habituel, et à 3, 6 et 9 semaines et 3, 6, 9 et 12 mois pour le groupe traitement optimisé.
Meilleure qualité de vie, mortalité diminuée
L’analyse des données révèle un nombre de consultations en 1 an plus important dans le groupe traitement optimisé, aucune différence entre les 2 groupes sur la FEVG et le NT-ProBNP (N-terminal pro-brain natriuretic peptid), mais une amélioration significative de la qualité de vie à 6 mois dans le groupe traitement optimisé, ainsi qu’une amélioration significative du MMSE (mini-mental state évaluation) et de la classe NYHA dans les 2 groupes à 12 mois. Le taux de mortalité ainsi que le taux de mortalité et d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque était moins élevé à 3, 6, 9 et 12 mois dans le groupe traitement optimisé. Il n’y avait pas de différence significative entre les 2 groupes pour le nombre d’hospitalisations pour insuffisance cardiaque aiguë. Concernant les traitements de l’insuffisance cardiaque, on observe pendant 1 an une plus grande prescription de bêtabloquants dans le groupe optimisé et une diminution des inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ou des inhibiteurs des récepteurs à l’angiotensine dans le groupe traitement habituel. Il n’y avait pas de différence pour le traitement par antagonistes des récepteurs aux minéralocorticoïdes. Enfin, même si ce n’est pas significatif, on observe à un an une augmentation des prescriptions d’IEC, de bêtabloquants et d’inhibiteurs des récepteurs aux minéralocorticoïdes. Parmi les effets indésirables, il n’y avait aucune différence entre les 2 groupes en termes d’hospitalisation pour insuffisance rénale aiguë. Aucun patient n’a été implanté par un défibrillateur tout au long de l’étude.
L’optimisation du traitement chez les patients insuffisants cardiaques de 80 ans ou plus avec ajustement des doses thérapeutiques est donc efficace et sûre et doit être menée à plus grande échelle.
D’après la communication du Pr Romain Eschalier (CHU de Clermont-Ferrand) lors de la 4 e réunion du CNCH présidée par le Dr Loïc Belle (centre hospitalier d’Annecy) le 8 avril 2017 à Vichy
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