À l'occasion de la 47e Conférence mondiale sur la santé respiratoire qui se tient à Liverpool du 26 au 29 octobre, Médecins sans Frontières (MSF) a donné des résultats préliminaires issus de ses programmes de suivi des patients atteints de tuberculoses multirésistantes et bénéficiant de deux nouveaux traitements antituberculeux (la bédaquiline et le délamanide).
Ces résultats proviennent d'une cohorte devant inclure, sur 3 ans, 2 600 malades de 15 pays et d'autres programmes que l'ONG mène dans 12 pays. « Nous avons peu de résultats pour l'utilisation de ces traitements, mais ils sont très prometteurs », précise le Dr Catherine Hewison, spécialiste de la tuberculose à MSF. « Pour la bédaquiline et pour le délamanide, 80 % et 70 %, respectivement, des patients sont négatifs à 6 mois ; c'est un très bon signe même si nous n'avons pas le résultat de fin de traitement puisque celui-ci se fait sur deux ans », ajoute-t-elle.
Favoriser les traitements courts et sans médicaments injectables
MSF est également engagée dans deux essais cliniques qui démarreront en novembre : TB PRACTERAL (incluant 750 patients) et un essai en partenariat avec endTB (avec 620 malades). Ces expérimentations, qui incluent des traitements sans médicaments injectables et avec des effets secondaires supportables, devraient permettre de définir de nouvelles thérapeutiques plus courtes, plus efficaces et plus faciles à suivre pour les formes résistantes de tuberculose. « MSF espère que les essais cliniques qui vont bientôt commencer permettront de mettre au point de bien meilleurs traitements », souligne le Dr Gabriella Ferlazzo, spécialiste de la tuberculose à MSF. « Les gouvernements, les laboratoires pharmaceutiques et les chercheurs doivent (...) encourager des activités de recherche participative pour trouver de meilleures combinaisons thérapeutiques abordables et plus simples à suivre pour les patients », précise-t-elle.
Moins de 1 % des malades ont accès à ces nouvelles molécules
L'ONG entend également profiter de cette conférence pour faire entendre sa voix sur l'accès des malades à ces traitements. « Le manque de données et d'éléments solides sur la sûreté et l'efficacité des nouveaux médicaments contre la tuberculose fait qu'aujourd'hui leur utilisation n'est recommandée que pour les patients les plus malades, que les gouvernements hésitent à les inclure dans leurs protocoles nationaux et à les utiliser en routine », rappelle le Dr Catherine Hewison, spécialiste de la tuberculose à MSF. Selon l'association, en octobre 2016 seulement 5 700 patients dans le monde ont eu accès à la bédaquiline et à peine 405 au délamanide, alors l'OMS estime que ce seraient 580 000 malades à travers le monde qui auraient eu besoin de ces médicaments. Pour l'association, la recherche clinique sur l'utilisation de la bédaquiline et du délamanide en combinaison, leur utilisation chez certaines catégories de patients (femmes enceintes, enfants, patients séropositifs) et au-delà des six mois de traitement recommandés par l'OMS doit être davantage soutenue.
Enfin, l'association demande plus de moyens et une plus forte volonté politique pour le développement de nouveaux traitements.
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