Palmarès Prescrire 2016 : pas de Pilule d’Or et un constat plutôt décevant

Par
Publié le 26/01/2017
prescrire

prescrire
Crédit photo : PHANIE

Cette année encore, la plus haute marche du podium du palmarès de la revue indépendante « Prescrire » est restée vacante. Pas de Pilule d’Or, ni même de Palme du conditionnement en 2016, mais un nouveau bilan des « médicaments à écarter pour mieux soigner ».

Progrès pas assez décisif

À l’instar de 2015, la rédaction de la revue « Prescrire » estime qu’en 2016, « aucun médicament n’a apporté un progrès assez décisif pour justifier l’attribution d’une Pilule d’Or, ni même une citation au Tableau d’honneur ». Deux médicaments sont toutefois « cités au palmarès » pour leur contribution à l’amélioration, modeste, des moyens de prise en charge du patient :

– Opdivo (nivolumab) de Bristol Myers Squibb, indiqué dans le mélanome métastasé ou inopérable sans mutation BRAF V600 et les cancers bronchiques, non à petites cellules, métastasé ou inopérable.

– Mekinist (tramétinib) de Novartis Pharma, indiqué dans le mélanome métastasé ou inopérable avec mutation BRAF V600, en association avec le dabrafénib.

Pour « Prescrire », l’année 2016 restera marquée par quelques avancées en cancérologie, mais ponctuelles et « sans commune mesure avec les annonces, ni avec les prix exorbitants réclamés par les firmes ». Jérôme Sclafer, responsable de la rédaction de « Prescrire », a ainsi rappelé que 20 des 26 nouveaux médicaments anticancéreux passés en revue durant les 14 derniers mois n’apportaient aucun progrès notable, voire étaient potentiellement dangereux.

Conditionnement et information : de nombreuses lacunes perdurent

Concernant la Palme du conditionnement qui n’a pas non plus trouvé preneur, la revue note que cette absence de palmarès est « le reflet de défaillances profondes » des agences du médicament et des entreprises pharmaceutiques qui « se pérennisent ». Les 6 cartons jaunes et 8 cartons rouges attribués dans cette catégorie concernent d’ailleurs des problématiques que « Prescrire » ne cesse de signaler au fil des années, sans grand succès a priori : extension des gammes ombrelles sources de confusion ; maintien sur le marché de médicaments dangereux sans bouchon-sécurité, de dispositifs doseurs imprécis ; notices insuffisamment claires sur les risques…

Quant au Palmarès 2016 de l’information, « Prescrire », qui a mis à l’Honneur comme Premières nommées cette année les entreprises Cell Therapies Research & Services (CTRS) et EG Labo, note que « peu de firmes jouent le jeu de la transparence en acceptant de partager avec les soignants toutes les données dont elles disposent ». Si neuf firmes ont été récompensées en 2016, onze autres figurent toutefois dans la liste des « lanternes rouges » de l’information.

Bilan des médicaments à écarter : 91 spécialités pointées du doigt

En parallèle de la révélation de son Palmarès 2016, « Prescrire » publie également en accès libre sur son site Internet (Prescrire.org) le bilan 2017 des 91 « médicaments à écarter pour mieux soigner » autorisés en Europe, dont 82 sont commercialisés en France. Considérés comme ayant une balance bénéfices-risques (BBR) défavorable dans toutes les utilisations permises par leur autorisation de mise sur le marché (AMM), ils se répartissent en 4 catégories : les médicaments qui exposent à des risques disproportionnés par rapport aux bénéfices (les vasoconstricteurs pour le rhume), ceux qui sont dépassés par d’autres médicaments qui ont une BBR plus favorable ou, à l’inverse, les médicaments récents dont la BBR est moins favorable que celle de médicaments plus anciens (les coxibs) et, enfin, les médicaments dont l’efficacité n’est pas prouvée au-delà d’un effet placebo et qui exposent à des effets indésirables graves (le thiocolchicoside proposé comme myorelaxant).

Intervention de l'ANSM plus fréquente que l'EMA

Pour Bruno Toussaint, directeur éditorial de « Prescrire », le problème se situe à la fois dans « la persistance des firmes à commercialiser ces médicaments et dans l’inertie des agences du médicament à les interdire ». Entre 2013 et 2016, la revue qui déplore qu’il n’y ait eu qu’une dizaine de suspensions ou retrait d’AMM en France constate cependant que l’Agence française du médicament (ANSM) est intervenue beaucoup plus souvent que son homologue européenne (EMA). « Prescrire » note toutefois que « la plupart des médicaments à écarter en 2013 restent disponibles début 2017 » et qu’il est de « l’intérêt des patients et des professionnels de santé » de « prendre l’initiative, sans attendre ».

Benoît Thelliez

Source : lequotidiendumedecin.fr