Dans l’accident vasculaire cérébral (AVC), l'avènement de la thrombectomie en 2015 a rendu possible l’étude de la structure du caillot. C’est ce sur quoi s’appuie le projet de recherche français Booster afin de personnaliser la prise en charge de l'AVC. L’une de ses applications est le développement d’un stent bioactif de dernière génération.
« Les caillots sont très divers mais tous composés d’une coque et d’un noyau, explique le Pr Mikaeël Mazighi, neurologue à l’Hôpital Fondation Rothschild (Paris, 19e), qui pilote le projet Booster. La coque peut être à l’origine d’une résistance au traitement. Cela ouvre des pistes à la fois pour identifier de nouveaux biomarqueurs, développer des stratégies de traitement mais aussi pour capturer le caillot. »
L’Hôpital Fondation Rothschild, qui a constitué la plus importante biobanque multicentrique de caillots en Europe, est à l’origine du consortium Booster, lauréat en 2019 de l’appel à projet recherche hospitalo-universitaire (RHU) par l'Agence nationale de la recherche. Doté de 10 millions d’euros, le consortium, qui regroupe 15 partenaires publics/privés*, se donne 5 ans pour faire émerger une personnalisation de la prise en charge des AVC en situation d’urgence.
Capturer le caillot en un bloc
L’un des axes est d’améliorer la capture du caillot. « L’objectif est de retirer le caillot en un bloc sans le fragmenter, explique le Dr Raphaël Blanc, neuroradiologue à l’Hôpital Fondation Rothschild. La coque peut être composée de fragments d’ADN libre qui tissent une toile et induisent la résistance au traitement. » La société Balt développe un stent recouvert de molécules qui « accrochent » ces fragments d’ADN (« coating »).
Lors de la procédure de thrombectomie, le stent (« catch »), une fois acheminé et libéré sur le lieu de la thrombose, s’auto-expand, avant que l’ensemble caillot + stent ne soit aspiré par cathéter. « Les stents sont composés d'un grillage très fin en alliage métallique inerte, rappelle Éric Largen, vice-président de Balt. Ici, l’innovation est de le couvrir d’un revêtement qui peut interagir avec la chromatine libre et entraîner une attractivité forte, une sorte de "super glue" due à la polarité des groupements chimiques. Plusieurs candidats ligands sont à l’étude. » Le stent est en phase préclinique, testé sur des « jumeaux » en silicone, qui sont des répliques artérielles obtenues par impression 3D avec des matériaux similaires.
Plus largement, à 2 ans et demi de son lancement, le consortium Booster fait valoir 29 découvertes, 12 publications scientifiques, la création d’un data center (4 322 images) et le développement d'un médicament prometteur. Booster vise à mettre au point, à l’aide de biomarqueurs dans le sang, un algorithme prédictif à la fois du type d’AVC (ischémique ou hémorragique), de la réponse à la thrombolyse et du pronostic. Une prise de sang dans le camion du Samu ou des pompiers pourrait ainsi permettre d’orienter et de commencer le traitement au plus tôt dans l’ambulance. Une autre piste est d’identifier d’autres cibles présentes dans les caillots résistants afin de mieux les dissoudre, le consortium travaillant sur de nouveaux antiplaquettaires.
Actuellement, un patient sur trois guérit sans ou avec peu de séquelles, un sur trois survit avec de lourdes séquelles et un sur trois décède dans l’année qui suit. L’AVC reste la première cause de handicap acquis et la 2e cause de démence.
* Le consortium sous la coordination de l’AP-HP regroupe des équipes médicales (Hôpital Fondation Rothschild, Hôpital Lariboisière, Hôpital Foch, CHU Caen Normandie, Hospices civils de Lyon, Etis), des partenaires industriels à visibilité internationale (Balt, Stago), des start-up nées à l’Inserm et à Polytechnique (Acticor Biotech, Sensome), des équipes de recherche (Inserm, Université Paris Cité).
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