La première pierre avait été posée en 2019, au beau milieu des champs du plateau de Saclay, la « Silicon Valley » de l’Essonne. Deux ans plus tard, les premières lignes du bâtiment de 45 000 m2, qui accueillera le futur Institut de Recherche et Développement de Servier, prennent forme. Le laboratoire a mis sur la table 377 millions d’euros pour réunir jusqu'à 1 500 collaborateurs – de la recherche la plus fondamentale aux cliniciens. « Un campus Servier, dans le campus Paris-Saclay ! », se réjouit Christophe Thurieau, DG Recherche de Servier.
L’idée d’intégrer l'écosystème scientifique de Saclay a émergé en 2015. À quelques encablures du centre de recherche Danone, et en face de l’École Normale Supérieure, Servier entend profiter de ce « cluster » d’innovation qui encourage la transversalité et les partenariats. Avec pour ambition de concurrencer certains grands campus de recherche américains. « La naissance d’un nouveau médicament requiert 70 à 80 métiers différents. Notre objectif est de se rapprocher de tous les pôles d’expertise offerts par Paris-Saclay », explique Christophe Thurieau.
De fait, le bassin technologique et académique est immense : Ecole polytechnique, laboratoires du CEA et du CNRS, université Paris-Saclay et, d’ici à 2022 le regroupement des facultés de pharmacie, chimie et biologie. Aujourd’hui, le plateau de Saclay regroupe… 15 % de la recherche française publique et privée – dont 15 000 emplois dans le secteur de la santé.
Des idées qui « naissent à la machine à café »
Autre avantage pour Servier : « La création en 2024 du grand hôpital Paris Saclay, qui nous permettra d’être au plus près du patient », apprécie Claude Bertrand, vice-président exécutif R&D du groupe. Plus de 400 lits seront ouverts dans ce centre hospitalier qui fusionnera trois hôpitaux du Nord Essonne. « Nous nous rapprochons également de l’Institut Gustave Roussy », ajoute Christophe Thurieau. Une démarche stratégique alors que Servier repositionne complètement sa recherche sur l’oncologie. « Nous avons arrêté la recherche en cardiologie et maladies métaboliques, pour nous concentrer sur l’oncologie. Désormais 50 % de notre budget innovation R&D est investi sur cette aire thérapeutique », précise Claude Bertrand.
Objectif affiché : sortir une nouvelle molécule tous les trois ans. Aujourd'hui, 16 sont en cours de développement, une cadence de recherche ambitieuse que Servier espère faire fructifier avec son implantation sur le plateau de Saclay. Le laboratoire mise sur la collaboration entre les différentes équipes R&D et adapte l’architecture de son futur Institut de recherche. Le campus s'articule autour d’un bâtiment en anneau, en son centre. « L’idée est de favoriser la rencontre, les idées qui naissent à la machine à café. Depuis 50 ans, la recherche pharmaceutique a travaillé en silo ; désormais nous parions sur la collaboration des équipes », parie Claude Bertrand.
Incubateur de start-up
Du criblage moléculaire aux essais cliniques, en passant par les modélisations de tumeurs in vitro, tous les pôles de recherche seront donc réunis sur le même site. L’institut intègre également un incubateur qui pourra accueillir une dizaine de start-up dans le domaine de la santé. Une partie du campus sera ouverte aux habitants, avec une vision dégagée sur les bureaux et les laboratoires.
Servier réinvestit 23 % du chiffre d’affaires généré par ses médicaments princeps dans la R&D. Le site de l’Essonne s’ajoute aux autres centres de recherche internationaux du laboratoire – dont un à Boston, spécialisé dans la découverte de nouvelle cible thérapeutique, ou au Danemark, pour la conception de médicaments biologiques.
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