D'ici au début de l'année 2017, la Société française et francophone de chirurgie de l'obésité (SO.FF.CO) aura mis en place un « registre de l'obésité » rassemblant les données périopératoires des patients opérés dans le cadre d'une chirurgie de l'obésité. Le Pr François Pattou, chef du service de chirurgie générale et endocrinienne du CHRU de Lille en a dessiné les contours lors du congrès annuel de la société savante qui se tient à Nice jusqu'au 25 juin.
La mise en place d'un tel registre répond aux demandes formulées par la Haute Autorité de santé (HAS) dans ses recommandations de janvier 2009 qui demandaient que « toutes les interventions de chirurgie bariatriques réalisées en France soient enregistrées dans un registre national » dont les objectifs sont d'évaluer l'impact et le suivi des recommandations et de suivre l'évolution des techniques. La Caisse nationale d'Assurance-maladie s'était aussi montrée intéressée par un tel outil.
Plus de 33 000 interventions enregistrées par an
« Notre premier objectif est l'exhaustivité », scande le Pr Pattou. Les promoteurs de ce nouveau registre espèrent toucher toutes les équipes labellisées par la SO.FF.CO qui assurent les deux tiers des 50 000 opérations de chirurgie bariatriques pratiquées chaque année. Ils ont des raisons d'y croire : la participation au registre devrait faire partie des conditions à réunir pour obtenir le label de la société savante.
« Ce registre doit permettre d'améliorer la sécurité de nos procédures, poursuit le Pr Pattou, nous avons une dizaine de décès chaque année suite à une opération de chirurgie bariatrique, or nous devrions tendre vers zéro, compte tenu du caractère non urgent et programmé de ces interventions. » Dans la première phase du projet, le registre doit accumuler les données (poids, âges, comorbidités, complications…) qui seront collectées par les épidémiologistes de l'université de Nice qui a récemment remporté l'appel d’offres émis par la SO.FF.CO.
Un outil d'évaluation des risques
Le risque sera ensuite ajusté en fonction de l'activité du centre et de la difficulté des tableaux cliniques afin de permettre à chaque équipe de se situer. Dans un deuxième temps, la masse d'information va permettre de formuler un algorithme qui fournira à l'avance aux utilisateurs le risque de complication et de décès en fonction du profil du patient. « Ainsi, un centre qui ne disposera pas des compétences ou de l'équipement disponible en cas de complications grave saura quand il devra adresser un patient à une autre équipe plus expérimentée », poursuit le Pr Pattou.
Après et avant chaque opération, les utilisateurs devront rentrer une dizaine d’éléments. « Nous avons conçu le système de saisi pour qu'il prenne le moins de temps possible et qu'il soit le plus délégable possible », explique le Pr Pattou. Le registre doit aussi rendre compte de l'hétérogénéité des pratiques en France, et faire un premier retour sur une pratique encore émergente, et non recommandée par la HAS : la chirurgie de l'obésité de l'enfant et de l'adolescent.
La première phase d'expérimentation, avec un petit nombre d'équipes pilotes, se tiendra pendant le second semestre 2016, pour une mise en ligne généralisée début 2017. La SO.FF.CO se donne deux ans pour prouver aux pouvoirs publics la pertinence de leur nouvel outil, ce qui ouvrirait peut-être la voie à des financements.
« D'ici là, le maintien du registre sera assuré par la SO.FF.CO, indépendamment des industriels et des laboratoires, assure le Pr Pattou nous n'excluons toutefois pas d'accueillir des financements privés : nous savons que les mutuelles pourraient se montrer intéressées. » Le registre a besoin d'un budget de 200 000 euros la première année, puis de 100 000 euros par an, principalement pour payer les deux assistants de recherche clinique (ARC) qui doivent assurer la liaison avec les équipes participantes.
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