AUX APPELLATIONS et patronymes prêts, (l’Arche de Zoé devient la Citadelle, en référence à Saint-Exupéry), « les Orphelins »s’inspire de l’affaire qui n’a toujours pas fini de défrayer la chronique. À deux différences près – capitales : l’avion qui ramène les 103 enfants réussit à atterrir sur l’aéroport de Caen-Carpiquet. Atterrissage triomphal, ultramédiatisé, en présence de toutes les autorités administratives et politiques et des animateurs du collectif Darfour libre... Et le récit se déroule, du début à la fin du roman, vu à travers les yeux de Farid Mahmoud Jama, et de ses compagnons réfugiés.
Ces éleveurs tchadiens descendants d’esclaves ont fui les bandits janjawids et les soldats de Khartoum. Mais d’autres bandits, raconte le roman, ont alors débarqué pour s’emparer du petit Younis Ibrahim Jama, 4 ans, le fils de Farid. Passant du désarroi à l’incrédulité, de la rage à la peur, celui-ci va tenter d’obtenir le retour des enfants dans leur pays en échange de la libération d’un médecin qu’il prend en otage, le Dr Jean Lépine, membre d’une ONG internationale qui travaille avec sa femme pédiatre dans un camp de réfugiés du Darfour.
Entre le prisonnier et le ravisseur, le dialogue va s’instaurer, des liens de sympathie se nouent. « C’est le travail que nous faisons ici qui compte, explique le french doctor. Le pays, ton peuple, ses coutumes... Tout cela nous rend plus riche. Une autre forme de richesse. Celle que l’on ne perd jamais. Celle des souvenirs et des émotions. C’est cela que nous ramènerons en France quand nous rentrerons. »
Réquisitoire.
En France cependant, la situation est bloquée. Tandis que le Dr Lépine, du fond de sa grotte, pense à ses propres enfants, « ces symboles d’une vie qui s’inscrit dans l’alternance des générations », le ton monte entre les responsables du ministère des affaires étrangères et Berton, le président de la Citadelle. « Je vous dis que tout a été fait dans les règles, les enfants sont orphelins », soutient celui-ci. « Votre opération devait servir à faire la preuve que la position de la France est fondée et juste, rétorque le conseiller du Quai d’Orsay. Nous allons être la risée de nos alliés comme de nos rivaux dans la région ! Toute l’opinion publique va être choquée. À la hauteur de ce qu’a été son enthousiasme pour votre action. »
Mais le réquisitoire le plus définitif contre la Citadelle, c’est le médecin otage qui le prononce, avant que soit scellé son propre sort ; il fustige « la bêtise » et « l’incompétence » des dirigeants de l’association, leur « arrogance contenue, cette bande d’abrutis qui se sont autoproclamés les sauveurs du Darfour, s’octroyant le droit, au nom de l’intérêt suprême de sa population, de faire usage d’un droit d’ingérence qui peut s’accommoder de toutes les approximations et s’affranchir de la réalité ». Surtout, le médecin de l’ONG dénonce « le formidable déni de reconnaissance de l’Autre que manifeste l’action de la Citadelle ». La fiction romanesque en administre l’accablante démonstration.
Pierre Micheletti, « les Orphelins », éditions Embrasure, coll. « Factuel », 340 p., 9,50 euros.
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