LES PATIENTS qui, il y a un an, ont eu à subir les conséquences du plan de restructuration du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph (GHPSJ) ont dû accueillir la nouvelle avec circonspection. La plate-forme d’accueil ambulatoire de l’Hôtel-Dieu signe la disparition de la consultation VIH de Necker, l’hôpital dans lequel ils avaient fini par être transféré après la fermeture du service qui les prenait en charge. Cinq cents patients étaient concernés. « Je suis le premier à le regretter mais c’est purement un problème de calendrier. À quelques mois près, nous aurions pu éviter cette étape mais nous n’étions pas prêts », explique au « Quotidien » le Dr Jean-Paul Viard, un des responsables du projet. Responsable de la consultation VIH dans le service du Pr Olivier Lortholary, il va, après vingt ans de présence hospitalière dans cet hôpital du 15 e arrondissement, assurer cette fonction dans le cadre du nouveau projet de l’Hôtel-Dieu.
Un ancrage hospitalier.
« Cela fait plusieurs mois que nous y pensions. Necker n’était plus adapté à ce type de patients », souligne-t-il. Trop spécialisé, réservé aux hospitalisations lourdes et aux pathologies exceptionnelles. Les 3 consultations VIH hebdomadaires saturent et il est impossible d’en rajouter. « Le projet de l’Hôtel-Dieu m’a séduit, avec son volet médical et son volet santé publique, une médecine ambulatoire, multidisciplinaire ouverte sur la cité », témoigne le Dr Viard. L’infection par le VIH « est bien sûr devenue une maladie chronique, les patients vont bien, leur espérance de vie s’est allongée et rejoint celle de la population générale, mais le niveau de la prise en charge reste d’une très haute technicité, en particulier en ce qui concerne les traitements antirétroviraux et leurs interactions avec les autres traitements », poursuit l’infectiologue. Le consensus aujourd’hui s’établit autour d’une prise en charge ambulatoire « avec un fort ancrage hospitalier » et la possibilité de consulter des spécialistes bien identifiés, alertés sur les problèmes spécifiques des patients infectés par le VIH (gynécologues, gastro-entérologues, psychiatres, pneumologues, ophtalmologues, spécialistes des pathologies osseuses, de médecine interne, de cardiologie...)
La nouvelle structure proposera, au sein du Centre de diagnostic et de thérapeutique de l’Hôtel-Dieu, 19 consultations médicales hebdomadaires pour les patients déjà suivis ou ceux qui, en dehors de l’urgence médicale, souhaitent consulter rapidement un spécialiste du VIH (découverte de séropositivité, traitement post-exposition...). Huit praticiens assureront les consultations, dont l’un à plein-temps, le Dr Viard, et plusieurs attachés. Le Dr Jacques Gilquin, un ancien de Saint-Joseph, partagera son temps entre ses consultations à l’Hôtel-Dieu et le service de maladies infectieuses de l’hôpital Necker. Parmi les consultants, on note aussi la participation du Pr Alain Sobel, président du COREVIH (Coordination régionale de lutte contre le VIH) Sud. En plus des consultations médicales sont prévues trois consultations de recherche clinique.
L’autre volet du projet concerne la création d’un hôpital de jour multidisciplinaire de quatre lits dirigé par les Prs J. Blacher et C. Le Jeune. « Nous pourrons alors disposer de lits en cas de nécessité (diagnostic, problèmes thérapeutiques. Les patients qui le souhaitent pourront y subir leur bilan annuel tel que le prévoit les recommandations du rapport Yéni (évaluation du risque cardio-vasculaire, bilan biologique, ostéodensitométrie, bilan gynécologique chez la femme). L’objectif est de regrouper plusieurs examens dans la même journée. » L’hôpital de jour, dont les travaux ont commencé, ne devrait ouvrir ses portes qu’au début de l’année 2010.
Construire avec les patients.
Les patients et associations de patients seront associés au projet. « Nous avons besoin d’eux, notamment pour qu’ils donnent leur avis sur le contenu des bilans à effectuer, sur l’organisation d’ateliers de formation à la pathologie ou de soutien à l’observance (briefing et débriefing réalisés par des associatifs et soignants paramédicaux ou médicaux) », indique encore le Dr Viard. Tout reste à construire. C’est le message qu’il a voulu faire passer lors d’une rencontre organisée récemment. Quant aux patients de l’hôpital Saint-Joseph, « ils ont été plutôt rassurés », assure-t-il.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation