Une équipe brésilienne montre que des souriceaux infectés à la naissance (J3 postnatal) par le virus Zika développent souvent des crises convulsives à court terme et des complications neurologiques à l’âge adulte. Une courte thérapie par anti-TNF-alpha (J3-12) prévient en partie ces convulsions et certaines séquelles neurologiques.
« Notre étude suggère que l'infection par le virus Zika (ZIKV) au début de la vie entraîne des altérations persistantes du système nerveux central », explique au « Quotidien » le Dr Julia Clarke, neuroscientifique à l’université fédérale de Rio de Janeiro (Brésil), qui a dirigé l’étude publiée dans la revue « Science Translational Medicine ».
En étudiant un modèle souris, « nous avons observé des convulsions à la phase aiguë, qui sont concomitantes du pic de replication virale et d’inflammation dans le système nerveux central, et nous avons constaté des troubles cognitifs et moteurs à l’âge adulte », poursuit le chercheur.
L’administration d’un médicament anti-inflammatoire, un anti-TNF-alpha (Infliximab), a permis de diminuer les convulsions et de prévenir partiellement les altérations à long terme, en normalisant notamment le seuil des convulsions à l'âge adulte. « Les souriceaux ont très bien répondu au court traitement par anti-TNF-α (J3 a J12), avec une baisse moyenne de 50 % du nombre des crises épileptiques. De plus, à l'âge adulte ces animaux ne sont plus susceptibles de développer des convulsions pharmaco-induites », a poursuivi le Dr Clarke.
Suivi à long terme indispensable
« Si la microcéphalie est une complication bien décrite de l’infection congénitale au virus Zika, elle n'est développée que par 10 % des bébés exposés et d’autres complications sont observées. Étant donné que la flambée de Zika survenue au Brésil en 2015 est toute récente, les enfants exposés au ZIKV n’ont pas plus de 3 ans aujourd’hui et beaucoup d’entre eux étaient asymptomatiques à la naissance. Dès lors, il est actuellement impossible de prédire quelles sont les complications à long terme et si les enfants asymptomatiques à la naissance peuvent également développer des troubles neurologiques. Notre étude révèle l’importance de suivre à long terme ces nourrissons, même si aucune microcéphalie n’a été détectée à la naissance », souligne encore la chercheuse.
« Dans notre modèle souris, nous constatons que la réplication virale dans le cerveau persiste longtemps après l'infection (observée 100 jours après). Cet unique aperçu ne peut être procuré que par les modèles animaux pour l’instant. Notre modèle révèle aussi que le TNF-alpha joue un rôle clé dans la survenue des convulsions induites par le virus Zika. Des études supplémentaires devront explorer l’efficacité d'autres médicaments anti-inflammatoires pour prévenir la toxicité du virus Zika. Nous constatons en effet une augmentation de divers médiateurs inflammatoires, et ceux-ci pourraient jouer un rôle dans les troubles comportementaux observés », confie-t-elle.
Le Dr Clarke envisage de poursuivre ses travaux pour « évaluer les mécanismes responsables de la toxicité du virus Zika dans le cerveau néonatal. Nous voulons également caractériser chez la souris adulte les effets à long terme de l'infection néonatale. Puisque certaines infections virales durant le neurodéveloppement sont associées à des maladies neuropsychiatriques, nous voulons établir si cela pourrait être le cas lors d’une exposition congénitale au virus Zika ».
Science Translational Medicine, New de Oliveira Souza et coll.
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