› DE NOTRE CORRESPONDANT
LA GRAND’RUE, long couloir très clair et joliment décoré, s’anime ce matin-là de la présence de quelques-uns des 27 patients accueillis dans le Foyer d’Accueil Médicalisé (FAM) de Bouvron (Loire-Atlantique), un établissement inédit. Deux d’entre eux sont à la cafétéria et sont accompagnés d’une Aide-Médico-Psychologique. Ouverte seulement trois quarts d’heure dans la matinée, la cafétéria ne les occupera pas longtemps. Mais, toutes proches, des salles de détente, de balnéothérapie, d’activité manuelle, sont accessibles. Et puis, il y a le beau parc arboré - et son jardin potager - que l’on peut atteindre facilement.
Au Foyer d’Accueil Médicalisé (FAM) « Le hameau de Bouvron », du nom de la commune située à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Nantes, tout est conçu autour d’une prise en charge spécifique, adaptée à ces personnes dites en « double inadéquation psychique ». Des patients qui cumulent une déficience intellectuelle (sévère ou légère) et des troubles psychiatriques (schizophrénie, troubles du développement avec un versant autistique…) avec, conséquence de ce cumul, différentes manifestations de violences (cris, auto-mutilation, gestes sur des tiers, dégradation de matériel…).
« Toutes les activités sont programmées plusieurs jours à l’avance, l’idée étant bien entendu d’accompagner les patients pour plus d’autonomie et d’intégration sociale mais aussi de structurer leur journée, l’inoccupation pouvant générer des violences », explique Christelle Aubert, cadre socio-éducatif, responsable de l’établissement.
Éducation et soins.
C’est en 2002 que cette préoccupation a émergé localement. Une étude menée sur la Loire-Atlantique chiffre alors à une centaine le nombre de « doubles inadéquats » sur le département. Des patients qui, pour la plupart, sont hospitalisés depuis 10- 15 ans mais qui n’ont réellement leur place ni dans le secteur médico-social, ni en psychiatrie. Des patients qui passent souvent leur temps à errer dans les couloirs ou à être sous contention. Des psychiatres et des représentants du secteur médico-social entament alors une réflexion commune. Le Conseil général de Loire-Atlantique finance la construction de ce vaste ensemble de 2 500 m2 pour 6,2 millions d’euros pour mettre en musique cette double approche éducative et soignante. Ces patients, qui viennent pour les deux tiers d’entre eux des centres hospitaliers spécialisés de Blain ou d’Heinlex à Saint-Nazaire, et pour le dernier tiers des Foyers d’accueil médicalisé et Maisons d’accueil spécialisée gérés par l’Établissement public médico-social Le Littoral qui s’occupe aussi de cet établissement flambant neuf, ont désormais à faire à des professionnels de profil très majoritairement socio-éducatifs. Sur les 41 équivalents temps plein, seules cinq infirmières sont présentes - en se relayant pour des journées de 7 heures à 21 heures « Contrairement au secteur psychiatrique, il n’y a pas que des infirmières ici, confirme Christian Boureau, cadre supérieur socio-éducatif. Cette complémentarité est bien sûr voulue, pour traiter une problématique « psy » dans un lieu de vie. »
Les infirmières sont épaulées par un médecin psychiatre (pour deux vacations hebdomadaires) et un médecin généraliste (une vacation), ainsi qu’une psychologue (à 80 %). La double approche socio-éducative et soignante se manifeste par une collégialité jusque lors des décisions de placement dans une des deux chambres dites d’apaisement ou de retour au calme.
Pluridisciplinarité.
« Dans ce type de situation, l’infirmière, par délégation du médecin, dit oui ou non mais nous réunissons l’ensemble du personnel de l’unité, même quelques minutes, pour ne pas cliver les deux équipes, précise Christelle Aubert. Même chose pour les demandes de ré-hospitalisation lorsqu’il faut qu’un patient retourne pour quelques jours dans son service d’origine, comme cela vient de produire avec une personne qui n’arrêtait pas de gifler le personnel. Nous essayons de créer des ponts entre équipes pour que les décisions qui concernent le patient soient prises en pluridisciplinarité. »
Mais, face à cette population accueillie dans ce type de structure, tout est construction. Les allers-retours entre ici et le service d’origine font partie de la prise en charge. L’équilibre toujours fragile de chacune des trois unités est alors à recréer en accueillant d’autres patients. Les trois lits d’accueil temporaire permettent une période test. Les équipes en profitent pour revoir des évaluations réalisées principalement en secteur psy qui ne sont plus forcément pertinentes. « On voit que certains ont un comportement très différent une fois qu’ils arrivent ici », fait remarquer Odile Chollet, cadre supérieur de santé.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité