Le gouvernement était jusqu'à présent resté d'une prudence extrême. Le président de la République Emmanuel Macron semble cette fois enterrer la perspective d'un allongement des délais d'accès à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) jusqu'à 14 semaines de grossesse (16 semaines d'aménorrhée), en déclarant, dans une interview à « Elle » parue ce 2 juillet : « Je n'y suis pas favorable. »
Pour rappel, en octobre dernier, les députés ont adopté une proposition de loi (PPL) allongeant de deux semaines les délais d'accès à l'IVG instrumentale et supprimant la clause de conscience spécifique pour les médecins. Depuis, le trajet parlementaire de la PPL est à l'arrêt : le Sénat l'a rejeté d'emblée fin janvier et les députés ont renoncé à l'examiner en seconde lecture mi-février, en raison d'un nombre trop important d'amendements à discuter en un temps contraint.
Accompagner les femmes plus tôt…
« Chaque année, 4 000 à 5 000 femmes vont à l'étranger pour pouvoir faire [une IVG au-delà des 14 SA], mais c'est avant tout le signe d'un échec de notre prise en charge (..). L'enjeu est d'accompagner beaucoup plus tôt les femmes, par exemple en se battant dans toutes les régions où il y a encore des professionnels qui refusent de la pratiquer », explique-t-il dans l'hebdomadaire. Et le président de reprendre les arguments du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) ou de l'Académie de médecine : « Tous les gynécologues le disent, c'est plus traumatisant [d'avorter] dans ces délais-là. »
Emmanuel Macron se démarque en revanche de la position du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) qui considère dans un avis du 11 décembre 2020 qu'il « n'y a pas d'objection éthique à allonger les délais d'accès à l'IVG » au nom du principe de bienfaisance à l'égard des femmes.
... Grâce à un combat culturel, plus que par la loi
Emmanuel Macron rejette enfin l'idée de supprimer la clause de conscience spécifique à l'IVG. « Je respecte cette clause. » Selon le président, l'amélioration de l'accès à l'IVG dans les délais autorisés doit passer par un « combat culturel » : « La loi ne règle pas tout, il faut mener le combat culturel. Et trouver les moyens, via les associations, de réinvestir ce combat, notamment en accompagnant beaucoup plus tôt les jeunes filles et les jeunes femmes qui ne trouvent pas d'aide assez tôt dans certains quartiers », écrit-il, sans s'étendre davantage sur le rôle des médecins.
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