SI TANT D’ERREURS identifiées, si le soupçon de dérive vers l’arbitraire, si la crise et le chômage, si les affaires, jamais réglées, ne viennent pas à bout de M. Sarkozy, cela signifiera qu’il a du répondant. L’interprétation, par nos meilleurs politologues, des sondages les plus accablants, notamment celui qui prévoit une large défaite du président face à Dominique Strauss-Kahn ou face à Martine Aubry, laisse au chef de l’État une marge de manœuvre, du temps pour se refaire une popularité, une chance de redresser les comptes du pays et de créer des emplois, et n’exclut nullement une hypothèse en vertu de laquelle la gauche divisée ne parviendrait pas à l’emporter.
Absence de programme.
Sans trop y croire, nous noterons néanmoins qu’il ne suffit pas de vouer M. Sarkozy aux gémonies pour gagner les élections de 2012. Il vaut mieux avoir ce programme crédible qu’aucune des deux grandes forces de la gauche, les socialistes et les écologistes, n’a encore mis sur la table. La primaire socialiste fait déjà l’objet de toutes les inquiétudes. Elle ne serait qu’une mise en scène, le candidat principal étant désigné par accord entre les trois « grands », DSK, Aubry et Royal, qui affronterait les plus « petits », Valls, Hollande ou d’autres. Dans un livre intitulé « Petits meurtres entre camarades », le journaliste David Revault d’Allonnes montre comment l’élection de Martine Aubry au poste de première secrétaire, le 21 novembre 2008, a été truquée par des bourrages d’urnes qu’à l’époque Ségolène Royal avait d’ailleurs dénoncés, même si ses propres partisans se sont livrés au même procédé. Pour une parti qui ne cesse de faire la morale à la droite, c’est embarrassant. Et cela jette un doute sur le déroulement des élections primaires à venir.
Bien entendu, la gauche survoltée par la perspective d’une victoire continue de porter en sautoir ses grandes vertus démocratiques et à dénoncer, avec un excès qu’augmente une rare exaltation, les tares du gouvernement. Celui-ci n’a pas cédé aux pressions de l’opposition et de la presse. Il a confirmé, par les mots et les actes, sa politique d’expulsion des Roms. Le Premier ministre, François Fillon, constate que chaque ministre reprend peu à peu sa liberté de parole. Il s’étonne, par exemple, de ce qu’Hervé Morin, ministre de la Défense et chef du Nouveau Centre, n’hésite plus à critiquer la politique sécuritaire de l’Élysée. Ce qui n’empêche pas M. Fillon d’afficher une différence de « sensibilité » par rapport au président. Il n’aurait pas fait « les choses de la même façon », dit-il, pendant que Bernard Kouchner révèle qu’il a songé à démissionner et que Fadela Amara s’élève contre la privation de la nationalité française pour les criminels fraîchement naturalisés.
PERSONNE NE CROIT ENCORE QUE SARKOZY A PERDU LA PARTIE
La simple vérité est que le moment du remaniement gouvernemental approche et que ceux qui n’espèrent faire partie de la prochaine équipe se sentent plus libres de s’exprimer. M. Sarkozy ne peut faire pire que de les limoger. En ce qui concerne M. Fillon, qui a déjà failli être débarqué deux ou trois fois, personne ne peut jurer qu’il va être privé de ses fonctions : le président ne sait pas vraiment par qui le remplacer. Michèle Alliot-Marie ferait un bon chef de gouvernement, mais comme Alain Juppé devrait logiquement remplacer M. Kouchner, on compterait trop de chiraquiens aux commandes. Une reconduction de M. Fillon à ses fonctions serait le paradoxe le plus drôle de l’année : voilà un chef de gouvernement que M. Sarkozy n’a jamais vénéré, dont la mission a été entravée par des rumeurs de départ après chaque élection, mais qui pourrait bien, en définitive, rester à Matignon jusqu’à la fin du quinquennat.
Détermination.
Dans l’immédiat, le président de la République, doit au moins montrer dans la gestion de la crise et du chômage la détermination qui nourrit sa politique sécuritaire. Sa défense tous azimuts d’Éric Wœrth n’est plus compatible avec la situation judiciaire du ministre du Travail, effectivement persécuté par l’imprévisible Éva Joly, candidate probable à la présidence, et par l’opportuniste Corinne Lepage, mais qui ne saurait s’en tenir à la répétition de ses dénégations. S’il veut terminer une réforme des retraites qui risque de provoquer la paralysie du pays dans les semaines qui viennent, il lui faut un maître d’œuvre au-dessus de tout soupçon ; il doit en finir avec le bouclier fiscal et la loi TEPA, inadaptée à la crise présente ; sinon, et quoi qu’en dise l’opposition, sa politique économique est plutôt judicieuse, dans la mesure où elle s’attaque à l’endettement national sans pour autant étouffer la croissance.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque