LE QUOTIDIEN - Vous dénoncez la situation dans laquelle se trouve l’hôpital public. Que proposez-vous ?
NATHALIE ARTHAUD - La dégradation des services d’urgence et d’hospitalisation est liée aux objectifs de rentabilité que le gouvernement veut imposer aux hôpitaux. La situation est absurde : médecins et paramédicaux ne peuvent prendre leurs jours de RTT ; les hôpitaux déficitaires renoncent à des travaux de modernisation indispensables aux besoins croissants de la population. Le gouvernement mène une politique qui vise à fermer des établissements de proximité (comme des maternités) sous prétexte qu’ils ne pratiquent pas assez d’actes par an. La solution est d’augmenter les crédits pour la santé et les subventions des établissements publics. Il faut former plus de médecins et d’infirmières. Il faut cesser de fermer des services et des lits. La santé doit être une priorité.
Quelle place accordez-vous à la médecine libérale ?
Au nom de la liberté d’installation, on développe la sous-médicalisation de certaines régions. De même avec le système des secteurs I et II, l’accès à certains spécialistes est de plus en plus réservé à la fraction la plus aisée de la population. Bien des médecins pratiquent des dépassements d’honoraires, ce que je trouve parfaitement injuste. L’accès aux soins doit être possible pour tous et chez tous les médecins, en ville comme à l’hôpital. Je suis donc pour la suppression de ce système qui écarte tous ceux qui n’ont pas les moyens de débourser des centaines d’euros non remboursés.
Avez-vous des propositions pour améliorer l’accès aux soins dans ces territoires sous-dotés ?
Les déserts médicaux sont la conséquence directe du trop petit nombre de médecins formés du fait d’un numerus clausus dont je propose l’abrogation. Ce système a été mis en place à la demande de médecins qui craignaient l’arrivée de confrères qui seraient autant de concurrents. Je suis aussi favorable à une répartition géographique des médecins sur le territoire, quitte à aider les jeunes médecins à s’installer.
Vous prônez la santé pour tous. Doit-on relever le taux de remboursement de l’assurance-maladie ? Quelle place accorder aux mutuelles ?
Les mutuelles répercutent sur leurs tarifs toutes les sommes qu’elles doivent rembourser. Et là encore, il y a mutuelle et mutuelle. Entre celles qui remboursent bien, réservées aux plus riches, et les autres qui remboursent de moins en moins, c’est toujours l’argent qui fait la différence. Pour que la santé pour tous ne reste pas un vain mot, la Sécurité sociale doit prendre en charge 100 % des médicaments et des frais d’hospitalisation. Il faut donc supprimer le forfait hospitalier et les franchises médicales.
Qu’on ne vienne pas nous dire que c’est impossible pour cause de déficit, largement dû à toutes les exonérations de charges sociales accordées par les gouvernements successifs. Si les patrons payaient toutes leurs charges, cela équilibrerait en grande partie les finances de l’assurance-maladie. Si les salaires suivaient l’évolution du coût de la vie et s’il n’y avait pas quatre millions de chômeurs, la Sécurité sociale aurait des rentrées budgétaires supplémentaires.
Les centres de santé mutualistes des Bouches-du-Rhône sont au bord de l’asphyxie. Que faire ?
Il faut là encore des moyens. Et si les pouvoirs locaux ne les ont pas, c’est à la collectivité tout entière de se pencher sur le problème. Dans le cas des Bouches-du-Rhône, le déficit annoncé serait de 4,5 millions d’euros, une somme dérisoire. Il vaudrait mieux combler ce déficit que de racheter à 50 millions d’euros l’unité les Rafale que Dassault ne parvient pas à vendre à l’étranger.
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