« S’il y a une consultation, c’est que ce n'est pas tranché », assurait Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l'Industrie, sur France info ce lundi.
Alors que l’obligation vaccinale des soignants est désormais sur toutes les lèvres, une consultation rassemblant les représentants des groupes parlementaires et des élus locaux a commencé ce lundi. Les premières conclusions écrites devaient être remises ce mardi à Jean Castex pour définir les modalités d'une éventuelle vaccination obligatoire des soignants.
Un texte fin juillet ?
Les leaders des fédérations hospitalières – Fédération hospitalière de France (FHF) et Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) – seront également consultés par le ministère de la Santé. « Nous allons conserver et expliquer notre position, qui est très claire, en faveur de l'obligation vaccinale », nous confirme ce lundi la FHF. Un avis partagé par la FHP.
Initialement annoncé pour la rentrée, « il est possible que le texte de loi soit présenté avant la fin de la session parlementaire, fin juillet », a annoncé Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, lundi sur France Inter. En effet, seule une loi peut imposer la vaccination Covid aux soignants, comme ce fut le cas en décembre 2017 avec l’entrée en vigueur des 11 vaccins obligatoires. Le conseil d’État devra statuer sur la constitutionnalité du texte.
Les libéraux pas dans la boucle ?
Le projet de loi devrait a priori concerner les soignants en établissement de santé, public ou privé et en EHPAD. « Comme pour l’hépatite B, ce sont les hospitaliers qui sont dans le collimateur. En tant que libéraux, nous ne serons pas vraiment concernés. À la fois car nous sommes les soignants les plus vaccinés, mais aussi car je ne vois pas comment il peut être possible de contrôler les libéraux », détaille le Dr Jacques Battistoni, président de MG France.
Alors que 92 % des médecins généralistes sont vaccinés contre le Covid, seuls 57 % des professionnels des EHPAD et 64 % des professionnels des établissements de santé ont reçu au moins une dose de vaccin contre le COVID, selon Santé Publique France.
De surcroît, la couverture vaccinale diffère en fonction des professions. Ainsi, à l’AP-HP, alors que 91 % des médecins ont reçu une première dose, ce taux chute à 55 % pour le personnel non médical (infirmier, aide-soignant, rééducation…). À peine autant qu’en population générale.
« Quand on choisit d’être soignant, on a une responsabilité »
Alors que plane le spectre du variant Delta et d'une quatrième vague, la petite musique de l’obligation est montée d'un cran au sein de la majorité mais aussi du corps médical.
Les interventions en ce sens se sont multipliées tout au long du week-end. Dimanche 4 juillet, une tribune publiée dans le « Journal du Dimanche » appelait à rendre obligatoire la vaccination « pour tout salarié d’un hôpital ou d’un EHPAD (…) afin d’éviter une quatrième vague ». Parmi les 96 médecins signataires, de nombreux chefs de service de l’AP-HP : Gilles Pialoux, Karine Lacombe, Bruno Megarbane ou encore l'ancien président des doyens des facs de médecine, le Pr Jean Sibilia.
Interrogé par le « JDD », le Pr Alain Fisher s’est dit ouvertement favorable à l’obligation vaccinale pour les soignants, tout comme le Pr Jean-François Delfraissy qui assure avoir « changé d’avis » dans les colonnes du « Parisien ». Le président du conseil scientifique réclame même l’entrée en vigueur de l’obligation « sans attendre septembre (…) Quand on choisit d’être soignant, on a une responsabilité ». Même position du côté de l’Ordre des médecins, « prêt à accompagner l’obligation vaccinale des professionnels de la santé », dans un communiqué publié ce lundi.
Une obligation… difficile à faire appliquer
Du côté des syndicats de libéraux, les avis partagés. Le Dr Jacques Battistoni (MG France) se dit réservé quant à l'efficacité d'une obligation gravée dans la loi. « Je suis pour que tous les soignants se vaccinent, quand je vois le taux de vaccination en EHPAD je trouve ça insupportable ! Mais je m’interroge sur la possibilité de faire respecter cette obligation. Va-t-on refuser de priver un EHPAD de 45 % de son personnel, sous prétexte qu’il n’est pas vacciné ? ».
« La vaccination est une obligation éthique, professionnelle et morale, abonde le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Une obligation vaccinale dans la loi pour tous les soignants les stigmatise mais semble surtout difficile à appliquer : nous manquons de soignants dans les hôpitaux et dans les EHPAD. Comment ferons-nous si un soignant refuse de se vacciner ? »
Alors qu'en Italie la vaccination a été rendue obligatoire par les soignants au printemps, ils sont désormais 98 % à avoir reçu une première dose… Mais pour Jean-Paul Ortiz, « la solution italienne, qui consiste à muter les récalcitrants sur des postes administratifs ou même à les renvoyer chez eux semble difficile à mettre en œuvre en France ».
Pas de stigmatisation pour Véran
Alors que le Medef et la CFDT se sont prononcés pour la vaccination obligatoire des soignants, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, n'y est de son côté « pas favorable ». Le patron du premier syndicat de la fonction publique hospitalière a indiqué préférer « convaincre plutôt que contraindre » ceux qui « s'interrogent ou hésitent ». Sur LCI, Philippe Martinez appelle à « plus respecter les soignants » car « on ne peut pas les montrer du doigt aujourd'hui après les avoir applaudis toute l'année dernière ».
« Demander à un soignant de se vacciner, ce n'est pas le pointer du doigt. Ce n'est pas dénigrer le travail qui a été fait. Ce n'est pas nier le sens de leur engagement », a recadré Olivier Véran, dimanche, à l’occasion du festival Solidays. Le ministère a fixé un objectif de 80 % de soignants au minimum vaccinés d’ici à septembre.
Olivier Véran sur la vaccination obligatoire : "Demander à un soignant de se faire vacciner, ce n'est pas le pointer du doigt" pic.twitter.com/4OTxfslKgx
— BFMTV (@BFMTV) July 4, 2021
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