La majorité des médecins libéraux auraient souhaité un duel Macron/Fillon (respectivement 35 et 36 % des intentions de vote au premier tour, selon notre sondage Ifop exclusif). Les Français en ont décidé autrement en qualifiant Marine Le Pen.
En médecine de ville, les choix de l'ex-ministre de l'Économie de François Hollande restent classiques : doubler le nombre de maisons de santé en cinq ans et miser fortement sur la prévention, y compris en adaptant la rémunération des praticiens. L'ancien banquier d'affaires – dont les deux parents sont médecins – veut rendre le tiers payant « généralisable, simple et efficace », une façon de ne pas braquer la profession. « Nous prendrons le temps d’évaluer ses bénéfices et les contraintes qu’il pourrait induire », lit-on dans son programme. Le diagnostic, l'évaluation et l'expérimentation sont d'ailleurs souvent invoqués dans son projet santé, au risque de cultiver l'ambiguïté sur ses arbitrages. Avec Emmanuel Macron, le secteur II sera maintenu. Côté démographie, l'énarque veut instaurer un service sanitaire de trois mois pour 40 000 étudiants en santé dans les écoles et les entreprises pour y faire du dépistage, doper le numerus clausus et déverrouiller la télémédecine.
À l'hôpital, l'ancien inspecteur des Finances marche sur des œufs. Il engagera une « large concertation » dès le début de son quinquennat avant de lancer une réforme « en profondeur » (gouvernance, organisation, tarification). Il promet davantage d'autonomie, de maintenir les effectifs, d'accélérer le déploiement des GHT et de réduire la part de T2A, dans les pas de Marisol Touraine qui lui a apporté son soutien tardif.
Objectif zéro reste à charge pour les lunettes
Sur le volet financier, le natif d'Amiens envoie des signaux aux avocats de la rigueur mais aussi aux partisans de l'investissement dans la santé, moteur de croissance. D'un côté, il économisera 15 milliards d'euros en cinq ans sur l'assurance-maladie, de l'autre il investira cinq milliards pour moderniser l'hôpital, soutenir les innovations en ville et rattraper le retard français sur les systèmes d'information. Il devrait s'engager sur un ONDAM pluriannuel de 2,3 % par an.
Emmanuel Macron vise une prise en charge à 100 % d'ici à 2022 pour les lunettes et les prothèses dentaires et audio « sans augmenter le prix des mutuelles » (grâce à une concurrence renforcée). Il n'est « pas favorable aux réseaux de soins incluant les médecins », nous a-t-il assuré même si certains praticiens ont des doutes. Côté recettes, il supprimera les cotisations maladie et chômage payées par le salarié en compensant par une hausse de CSG.
Dans son équipe santé, on trouve l'immunologue et spécialiste du SIDA Jean-Louis Touraine, l'ex-patron de la FHF Claude Evin et le Pr Jérôme Salomon. Mais c'est l'ex-député socialiste Olivier Véran, neurologue au CHU de Grenoble, qui s'est imposé comme l'expert le plus influent. L'ancien rapporteur de la loi Touraine sera un des favoris pour le poste de ministre de la Santé.
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