À la veille de la Journée mondiale de la lutte contre la méningite le 24 avril, le laboratoire GSK a révélé les résultats d’une enquête sur l’impact de la pandémie Covid-19 sur la vaccination contre la méningite. Selon ce sondage* réalisé début 2021 chez près de 5 000 parents dans 8 pays (dont 500 parents en France), 50 % des personnes interrogées déclarent que le rendez-vous planifié pour la vaccination de leur enfant contre la méningite a été reporté ou annulé pendant la pandémie. Ils étaient cependant 94 % à se déclarer favorables à la vaccination.
En France, 57 % des parents ont signalé des retards ou des annulations de rendez-vous. Avec pour principales raisons évoquées, le confinement et les mesures sanitaires (58 %) et la peur de contracter le Covid-19 dans les lieux publics (23 %). Par ailleurs, 36 % d’entre eux n’avaient plus l’intention de reprogrammer la vaccination contre les méningites à méningocoque. « Ces données nous amènent à penser que beaucoup d'enfants ne sont pas à jour de leurs vaccinations contre les méningites », indique la Dr Alina Gruber, directrice médicale Vaccins chez GlaxoSmithKline France.
Baisse du nombre de cas et questionnements sur le portage
Mais la pandémie a également eu des conséquences sur le nombre de cas d’infections invasives à méningocoques. « Depuis une vingtaine d'années, ces infections varient de façon cyclique en France, avec environ 500 à 600 cas par an », indique le Pr Muhamed-Kheir Taha, chef des unités des infections bactériennes à l’Institut Pasteur de Paris. « Or, en 2020, on a constaté un décrochage du nombre de cas par rapport aux années précédentes et ce, dès le mois de mars, ce qui correspond au premier confinement », ajoute-t-il.
Un décrochage également visible dans l’ensemble des pays européens aux alentours des 11e et 12e semaines de 2020, selon une étude à paraître prochainement dans « The Lancet ». « Et s’il y a à la fois des changements dans la vaccination et dans le nombre de cas rapportés, il y en a aussi probablement dans l'acquisition de cette bactérie du fait des conditions de confinement », fait remarquer le Pr Taha. En population générale, on estime à environ 10 % le portage asymptomatique du méningocoque tandis que le nombre de cas d’infections invasives est de l’ordre de 1 pour 100 000 habitants, et un peu moins en France. « Avec les mesures de distanciation physique et sociale, ce portage va baisser », estime le spécialiste. « Or, il confère un certain niveau d’immunité de groupe, tout comme la vaccination », ajoute-t-il.
Risque de rebond ?
La baisse de la vaccination combinée à celle du portage fait craindre un rebond épidémique lors du retour à un mode de vie normal, sans restriction. « Le risque est de se retrouver avec une population naïve qui sera probablement plus sujette aux infections invasives à méningocoque, des infections sévères nécessitant une prise en charge très lourde, responsables de séquelles très graves et de près de 10 % de mortalité même avec traitement », s’inquiète le Pr Taha. Pour qui « il est donc urgent de réfléchir d’ores et déjà à un plan de relance de la vaccination, en particulier contre les infections invasives à méningocoque ».
*Sondage mené en partenariat avec Ipsos entre le 19 janvier et le 16 février 2021 auprès de 4 962 parents
D’après une conférence de presse de GSK sur les infections invasives à méningocoque
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