Le 12 mars dernier, dans une allocution télévisée, le président de la République Emmanuel Macron annonçait la fermeture des crèches, établissements scolaires et universités à compter du 16 mars pour freiner la propagation du SARS-CoV-2 au motif que « [les] enfants et [les] plus jeunes, selon les scientifiques, sont celles et ceux qui propagent, semble-t-il, le plus rapidement le virus ».
Le 11 mai, après un long confinement, les écoles élémentaires étaient autorisées à rouvrir sur un mode progressif, suivies par les collèges et les lycées le 18 mai pour, in fine, que l’école redevienne obligatoire pour tous les élèves 15 jours avant les vacances d’été. Un protocole sanitaire strict était en vigueur dans tous les établissements scolaires, incluant le respect des mesures barrières, mais pas le port du masque pour les élèves. Début septembre, le ministère de l’Éducation nationale imposait le port du masque aux élèves des collèges et des lycées. Début novembre, le masque était rendu obligatoire pour tous les élèves des écoles élémentaires.
« Contribution non significative » à la rentréeL’évolution de ces recommandations serait en lien avec les données de la littérature. Elles suggérent une probable contagiosité des adolescents proche de celle des adultes et une possible contagiosité. Cependant son ampleur reste floue au sujet des enfants de moins de 10 ans. Un certain nombre de sociétés savantes pédiatriques françaises ont pourtant pris, dès le premier confinement, des positions plutôt rassurantes sur ce dernier point.
Ainsi, le 26 avril, la Société française de pédiatrie (SFP) et plusieurs sociétés de spécialités pédiatriques indiquaient, dans un communiqué, que « les données disponibles sur la contagiosité des enfants entre eux et vers les adultes [étaient] rassurantes », en particulier pour les enfants de moins de 10 ans. Le 13 mai, 20 sociétés savantes de pédiatrie, dont la SFP, embrayaient le pas dans une tribune publiée dans « Le Quotidien », en déplorant des « blocages (…) alimentés par des craintes souvent non basées sur des faits, et [aboutissant] à des organisations (…) potentiellement fortement anxiogènes pour les enfants ».
Le 1er septembre, à la veille de la rentrée scolaire 2020-2021, la SFP indiquait être favorable au port du masque dès l’entrée au collège mais affirmait que « les enfants, et en particulier ceux de moins de 10 ans, ne [contribuaient] pas significativement à la transmission du Covid-19 ». Le 27 octobre, la société savante renouvelait sa position concernant la contribution non significative des enfants à la transmission du SARS-CoV-2.
Incertitudes selon certains experts
Pourtant, dès le mois de mai, les données de la littérature semblaient déjà plus mitigées en ce qui concerne la participation des enfants de moins de 10 ans à la transmission du SARS-CoV-2. Ainsi, dans un rapport publié le 4 mai, Santé publique France soulignait que « l’importance du rôle des enfants dans la transmission du virus [restait] mal connue ». Le 17 août, l’instance sanitaire présentait les principaux résultats d’un rapport du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) indiquant notamment que « lorsqu’ils présentent des symptômes, les enfants excrètent la même quantité de virus que les adultes et sont donc contaminants comme le sont les adultes » et que « le caractère infectieux des enfants asymptomatiques [était] inconnu ».
Le 29 août, le collectif de médecins « Stop postillons », dont l’infectiologue Karine Lacombe et le président du syndicat de médecins libéraux UFMLS Jérôme Marty, publiait une tribune dans le « Parisien ». « Les enfants de moins de 11 ans [étaient] aussi contaminants que les adolescents ou les adultes, comme l’ont rappelé les virologues allemands ou l’Académie américaine de pédiatrie », pouvait-on lire, sachant qu’en Israël et au Chili les écoles avaient constitué un moteur important de l’épidémie.
L’épidémiologiste Dominique Costagliola, quant à elle, rappelait dans une interview à l’AFP le 4 novembre dernier que « même s’ils sont moins contagieux que des gens de 14 ans et des adultes, les enfants ont beaucoup de contacts avec leurs camarades et avec les adultes. Et comme ils sont beaucoup, avec beaucoup de contacts, ça peut faire beaucoup de cas de contamination ».
Sans compter que le risque lié à l’école dépend également de la situation épidémique locale. « Le risque d’avoir une PCR positive est plus faible que chez les adultes », assurait le Pr Robert Cohen de la SFP, mais expliquant dès septembre que cela se fait « de façon variable en fonction de la transmissibilité du virus dans la population ». « C’est très important de comprendre que les écoles ne fonctionnent pas isolément, elles font partie d’une communauté », rappelait, pour sa part, l’épidémiologiste Maria Van Kerkhove dans une vidéo consacrée à cette question sur le site de l’Organisation Mondiale de la santé.
Le 25 novembre dernier, enfin, l’Imperial College London publiait une méta-analyse portant sur le rôle des enfants dans la pandémie de Covid-19. Les auteurs y signalaient ne pas avoir identifié, parmi les publications retenues, « d’études destinées à évaluer le risque de transmission chez les enfants » et concluaient que « la sensibilité des enfants à l’infection et le risque de transmission ultérieure, par rapport aux adultes, [demeuraient] flous et variaient considérablement entre les études ».
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