Quelles interventions non pharmaceutiques sont les plus efficaces pour limiter la transmission du SARS-CoV-2 ? Dans « Science », une nouvelle étude de modélisation a cherché à quantifier l’efficacité des différentes mesures mises en place depuis le début de la pandémie : fermeture des établissements scolaires ou des universités, restrictions des rassemblements, fermetures des entreprises, confinement, etc.
Effet « relativement faible » du confinement
« La fermeture de tous les établissements d'enseignement, la limitation des rassemblements à dix personnes ou moins et la restriction des rencontres en face-à-face en entreprise ont réduit considérablement la transmission, observent les auteurs. L'effet supplémentaire des confinements était relativement faible ».
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs se sont penchés sur les données chronologiques de mise en œuvre des différentes interventions non pharmaceutiques de 41 pays (dont 33 pays européens) entre janvier et fin mai 2020. Leur modèle associe les dates d’application des mesures aux décomptes nationaux de cas et de décès pour estimer leur efficacité. En l’absence de données, les stratégies de tests et d'isolement des cas n’ont pas été prises en compte.
Des fermetures ciblées d'entreprises à haut risque, plutôt que non essentielles
Leur analyse montre ainsi l’effet « important » sur la réduction de la transmission de la fermeture « en même temps » des établissements scolaires et des universités (à l'exclusion des écoles maternelles et des crèches) et de la limitation des rassemblements à dix personnes. Cependant, l’approche ne permet pas de « distinguer les effets directs sur la transmission dans les écoles et les universités des effets indirects, tels qu’un comportement plus prudent de la population générale après la fermeture des écoles signalant la gravité de la pandémie », est-il souligné.
Concernant l’activité économique, « la fermeture de la plupart des entreprises non essentielles n'était que légèrement plus efficace que les fermetures ciblées, qui ne concernaient que les entreprises à haut risque d'infection, telles que les bars, les restaurants et les boîtes de nuit », soulignent les auteurs.
Les mesures de confinement ou les injonctions à rester chez soi s’accompagnaient toujours d’autres mesures, mais, prises isolément, ces mesures avaient « un faible effet », notamment lorsqu'un pays avait déjà mis en place des interventions limitant les interactions sociales. « Nos résultats suggèrent que certains pays ont peut-être été en mesure de réduire le R0 à moins de 1 sans une injonction à rester au domicile en émettant d'autres interventions », indiquent les auteurs.
Pas d'indications sur les effets de la levée des mesures
Parmi les limites de l’étude, les auteurs insistent sur l’absence de valeur prédictive de leur modèle sur la levée des restrictions. « Fermer les écoles et universités en même temps semble avoir considérablement réduit la transmission, mais cela ne veut pas dire que leur réouverture entraînera nécessairement une flambée des infections », relèvent-ils.
Leur travail n’a par ailleurs pas permis d’intégrer les effets des comportements individuels de prévention comme le port du masque ou des stratégies de dépistage qui peuvent aussi influencer le cours de l’épidémie. « Notre travail offre des informations sur les domaines de la vie publique qui ont le plus besoin de mesures de confinement afin que les activités puissent se poursuivre à mesure que la pandémie se développe. Cependant, nos estimations ne doivent pas être considérées comme le dernier mot sur l'efficacité des interventions non pharmaceutiques », concluent-ils, mettant leur outil à disposition.
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