La Haute Autorité de santé (HAS) estime que le vaccin anti-Covid Spikevax de Moderna peut être utilisé dès 12 ans. Cette annonce fait suite à l'extension d’autorisation de mise sur le marché (AMM) délivré par l'Agence européenne des médicaments (EMA) pour ce vaccin chez les 12-17 ans.
Le vaccin Comirnaty de Pfizer était jusque-là le seul recommandé dans cette population. « Dans le contexte d’une circulation forte du variant Delta, la HAS valide l’intégration du vaccin Moderna dans la stratégie vaccinale contre le SARS-CoV-2, et saisit cette occasion pour réaffirmer que la vaccination est essentielle pour lutter efficacement contre l’épidémie », note la Haute Autorité.
La vaccination pour normaliser la vie sociale des ados
Comme chez l'adulte, deux doses sont nécessaires pour un schéma vaccinal complet, mais une seule dose est requise en cas d'antécédent de Covid. « La vaccination des adolescents peut être réalisée en cabinet médical, pharmacie, centre de vaccination ou en milieu scolaire », insiste la HAS.
La vaccination des adolescents doit concerner en priorité ceux présentant une comorbidité ou ceux ayant dans leur entourage une personne immunodéprimée. Mais La HAS recommande aussi la vaccination des adolescents sans comorbidité afin « de diminuer la circulation virale, de normaliser leur vie sociale et de maintenir leur accès à l’éducation ».
La HAS précise par ailleurs que le vaccin Spikevax est contre-indiqué chez les adolescents ayant un antécédent de manifestation anaphylactique à l’un des composants des vaccins. De plus, il n'est pas recommandé en cas d’antécédent de syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (PIMS) ou de myocardite et/ou péricardite ayant entraîné une hospitalisation et survenu après une première dose de vaccin à ARNm.
93,3 % d'efficacité contre les cas de Covid
L'extension d'AMM s'appuie sur un essai clinique mené auprès de 3 726 participants aux États-Unis, qui a mis en évidence une efficacité vaccinale de 93,3 % sur les cas de Covid-19 apparaissant au moins 14 jours après la 2e dose. Néanmoins, comme peu de cas de Covid sont survenus au cours de l'étude, la HAS estime que « l’efficacité reste toutefois à confirmer contre les formes sévères (notamment les PIMS), pour réduire les hospitalisations et la mortalité, ainsi que contre l’infection asymptomatique ou la transmission virale ». La Haute Autorité considère qu'en ce qui concerne ces critères, les résultats d’efficacité obtenus chez les adultes peuvent être extrapolés aux adolescents, mais qu'« ils restent à confirmer avec le nouveau variant Delta ».
Le profil de tolérance est globalement satisfaisant dans cette population d'après un suivi sur 53 jours. « Ces données rassurantes portent toutefois sur un effectif qui ne permet pas d’exclure des évènements indésirables très rares », nuance la HAS.
La HAS a aussi pris en compte des données en vie réelle internationales et des données de pharmacovigilance* relatives aux deux vaccins à ARNm. Selon le comité de pharmacovigilance de l'EMA, les cas de myocardite et de péricardite sont principalement survenus dans les 14 jours suivant la vaccination, généralement après la deuxième dose, chez des hommes jeunes. L'évolution semble favorable avec du repos ou avec un traitement.
La HAS souligne ainsi « l’importance de maintenir une surveillance rigoureuse des évènements indésirables survenant après la vaccination des adolescents et en particulier des cas de myocardites », mais aussi « de disposer d’un suivi par les autorités de la balance bénéfice/risque des vaccins à ARNm ».
Dans un document du 22 juillet, le Conseil national professionnel de pédiatrie (CNP) s'est prononcé en faveur de la vaccination des adolescents contre le Covid. Et en cohérence avec la HAS, le CNP recommande la réalisation d'un test rapide d'orientation diagnostique (TROD) chez les adolescents pour éviter une deuxième dose inutile. Et du fait du risque de myocardite, les pédiatres émettent des réserves quant à une deuxième dose chez les garçons - en dehors de ceux à risque, au contact de personnes immunodéprimées ou en cas d’obligations légales. Sur ce point, le CNP « attend de nouvelles instructions ».
Israël vaccine les 5-11 ans à risque
À compter du 1er août, les enfants israéliens âgés de 5 à 11 ans à risque de complications graves liées au Covid-19 pourront eux aussi être vaccinés, ont indiqué des responsables de la santé de l'État hébreu. « Il s'agit d'une autorisation spéciale et chaque vaccination sera étudiée au cas par cas », a indiqué un porte-parole du ministère à l'AFP.
Selon la directive du ministère, les enfants atteints de maladies pulmonaires chroniques graves, d'immunodépression sévère, de troubles du développement neurologique, de drépanocytose, d'insuffisance cardiaque, d'hypertension pulmonaire et d'obésité importante pourront se voir administrer une dose de 0,1 ml du vaccin Pfizer, soit trois fois moins que la dose standard.
Avec AFP
* Données de pharmacovigilance issues de l’Advisory Committee on Immunization Practices (ACIP), de l’EMA et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM)
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