Les médecins de la Grande Guerre ont été nombreux à retracer leurs épopées dans des livres de souvenirs, qui mettent tous en avant le travail épuisant qu’ils menèrent dans les postes de secours et les hôpitaux de première ligne, opérant sans relâche, des jours et des nuits durant, les innombrables blessés péniblement ramenés depuis le front.
De même, la plupart des récits et témoignages s’accordent sur le dévouement du Service de Santé aux Armées, en dépit des pertes élevées qu’il subit lui aussi pendant les combats. Au-delà de la bravoure, certains médecins écrivains, à l’image de Georges Duhamel, qui effectua toute la guerre comme chirurgien dans une « autochir », ont dénoncé dans leurs livres l’absurdité de cette immense boucherie.
Véritable guerre industrielle, le conflit a généré de nouvelles blessures et traumatismes autrefois quasi inconnus : blessures par éclats, atteintes massives de la face et de la tête, intoxication aux gaz et troubles psychiques et neurologiques aggravés par l’exposition, des jours durant, aux tirs d’artillerie et aux bombardements incessants. Si la chirurgie a clairement progressé pendant la guerre, les troubles neurologiques et psychiatriques ont fait l’objet de nombreuses études et recherches, non sans tâtonnements ni errements.
Traitements à l’électricité
Depuis une quinzaine d’années, la recherche historique a mis en avant le comportement parfois discutable de certains médecins dans les hôpitaux, plus préoccupés de renvoyer leurs blessés rapidement au front que de s’assurer de leur rémission complète et sans séquelles. Souvent démunis face aux manifestations de stress post traumatique - mais le terme est plus récent que le phénomène - exprimées notamment par les soldats ayant subi de longs bombardements et des épisodes particulièrement traumatisants, les psychiatres et les neurologues ont essayé toutes sortes de traitements, conventionnels ou réputés innovants. Longtemps passés sous silence, les « torpillages » imaginés par le neurologue Clovis Vincent, c’est-à-dire les traitements à l’électricité (les patients ressemblant alors à des… poissons torpilles) ont fait récemment l’objet de plusieurs études critiques. Il en a été de même pour d’autres expérimentations, qui nous semblent aujourd’hui d’autant moins éthiques que les patients qui refusaient de s’y prêter étaient sanctionnés pour ce motif : si la médecine de la Grande Guerre s’est souvent couverte de gloire, elle commence aussi, un siècle après les faits, à se confronter à ses zones d’ombre.
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