Nicolas Hulot a annoncé ce 28 août sur France Inter sa décision de quitter son poste de ministre de la Transition écologique et solidaire après 15 mois au pouvoir, n'acceptant plus de devoir « se résigner » alors que « nous avons basculé dans la tragédie climatique ». « Nous faisons des petits pas, et la France en fait beaucoup plus que d'autres pays. Mais est-ce que les petits pas suffisent ? (...) La réponse est non », a-t-il déclaré. Et de se montrer particulièrement inquiet à l'égard des sujets concernant la santé-environnement, qui « viennent nous exploser à la figure ».
Le désaveu, dans la loi Alimentation
Le ministre sortant, numéro trois du gouvernement, a reconnu des tensions avec le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, qui ont empêché toute évolution du modèle agricole et alimentaire. En décembre 2017, Nicolas Hulot avait boudé les conclusions des États généraux de l'alimentation, dont le pilotage lui avait été dénié, au profit du ministre de l'Agriculture. « Le compte n'y est pas », avait-il confié au « Monde ». « Un plan de souveraineté alimentaire en protéines végétales a-t-il été sérieusement envisagé ? », s'est-il encore demandé ce jour. Le projet de loi Agriculture Alimentation, qui sera rediscuté au Parlement à partir du 12 septembre, est perçu comme une « coquille vide » par les ONG.
Pesticides, des changements à concrétiser
La dernière mouture de ce projet ne porte notamment aucune trace de l'interdiction du glyphosate dans les trois ans. Son inscription dans la loi – via un amendement – avait pourtant été publiquement soutenue par Nicolas Hulot en mai dernier. Néanmoins, au sujet du glyphosate, l'ancien militant s'est montré un peu moins pessimiste au micro de France Inter : « La France a été en pointe et a montré le chemin », a-t-il déclaré, en faisant allusion à la promesse d'Emmanuel Macron d'interdire ce pesticide en 2021, faite alors que la Commission européenne a voté son renouvellement pour 5 ans en novembre 2017. En juin dernier, Nicolas Hulot et Stéphane Travert annonçaient même la création d'une « task force » pour amorcer le changement.
Plus largement sur la question des phytosanitaires, Nicolas Hulot esquisse un bilan en demi-teinte. « Avons-nous commencé à réduire l'utilisation des pesticides ? La réponse est non », a-t-il dit d'emblée, tout en nuançant par la suite : « Nous avons changé de tropisme sur les pesticides. On est entré dans une dynamique qui devrait nous permettre de nous séparer une à une d'un certain nombre de molécules. »
Le ministre de la Transition écologique avait dû avaler au début de son mandat une première couleuvre, lorsque la France vota - après trois ans de bras de fer - en faveur de la définition commune des perturbateurs endocriniens proposée par la Commission européenne (texte rejeté depuis par le parlement européen).
Depuis, il a présenté, en lien avec ses homologues à la Santé, à l'Agriculture et à la Recherche, un plan d'actions sur les produits phytopharmaceutiques en avril 2018, complété en juillet par le plan écophyto 2 +. Sans convaincre les associations. « Ces plans ne sont pas assez ambitieux et manquent de volonté politique », résume François Veillerette, directeur de Générations futures.
En matière de qualité de l'air, Nicolas Hulot n'a pas permis à la France d'éviter, en mai, un renvoi devant la Cour européenne de justice pour non-respect de ses obligations. Il a présenté en juillet le volet « Mobilité propre » destiné à développer les alternatives à la voiture, dans l'attente d'un plus grand plan sur les « mobilités ». Il n'a pas non plus eu gain de cause dans son combat contre l'accord de libre-échange UE-Canada (Ceta) entré en vigueur, de façon provisoire le 21 septembre 2017.
Salué par les militants
Le directeur de Générations futures François Veillerette, interrogé par « le Quotidien », salue le courage de Nicolas Hulot qui « a dénoncé le double langage du gouvernement, l'écart entre l'affichage et les actions ». « Nous avons toujours constaté le fossé entre ce qu'il essayait de faire et les arbitrages du gouvernement », témoigne-t-il. L'enjeu est désormais de savoir si « le gouvernement va changer de ligne et prendre des mesures fortes pour répondre à l'urgence écologique », estime le porte-parole.
L'eurodéputée écologiste Michèle Rivasi apporte aussi son soutien à Nicolas Hulot face à un gouvernement « livré aux lobbies et aux puissances de l'argent ». « Puisse sa démission servir de déclic pour enfin être à la hauteur des 4 grandes urgences écologiques : changement climatique, érosion de la biodiversité, épuisement des ressources et crise sanitaire », écrit-elle.
Dans une tonalité plus triste, Audrey Pulvar, présidente de la Fondation pour la nature et l'homme (FNH, ex-Fondation Nicolas Hulot), considère que « la lutte contre les conséquences du réchauffement climatique – singulièrement pour les plus démunis –, les combats pour un monde plus respectueux de l'autre et du vivant perdent leur seul défenseur au gouvernement ».
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