Il y a le feu dans la médecine d’urgence britannique. Depuis deux ans, moins de la moitié des postes pour cette spécialité ont été pourvus.
120 millions de livres (146 millions d’euros) sont dépensés chaque année pour recruter des intérimaires dans les fameux services Accidents&Emergencies (A&E).
Pour remettre ceux-ci à flot, le NHS a entamé la semaine dernière une procédure exceptionnelle de recrutement de médecins indiens. La pénurie est telle que la sélection des candidats se fera selon des critères allégés. Les heureux élus, de jeunes praticiens qui n’ont pas encore terminé leur spécialisation, seront dispensés d’une partie des examens habituellement exigés pour les médecins étrangers.
Quatre ans d’exercice
La première évaluation des candidats a lieu en ce moment, et elle se déroule...par Skype ! Elle sera suivie, pour ceux qui seront présélectionnés, d’un entretien en face-à-face en Inde.
Au terme de cette procédure originale, plus de 50 médecins indiens pourraient faire leurs débuts dans les services d’urgences britanniques en août prochain. Ils recevront alors une formation spécialisée, et pourront exercer pendant quatre ans au Royaume-Uni avant de retourner dans leurs pays d’origine.
Le Dr. Cliff Mann, président du College of Emergency Medicine, a confié au « Telegraph » que les exemptions dont font l’objet les médecins bénéficiaires de l’opération ne sont octroyées qu’en raison de l’état dramatique dans lequel se trouvent les urgences du pays. « Je pense que nous avons peu d’autres choix, si ce n’est de prendre de telles mesures, car sinon la situation ne pourra qu’empirer ».
Inquiétudes sur les compétences
Des associations de patients, pourtant, ont déjà exprimé leurs inquiétudes quant aux risques que cette procédure de sélection allégée ferait peser sur la sécurité des malades arrivant aux urgences. Lui aussi interrogé par le « Telegraph », Peter Walsh, directeur de l’association « Action against Medical Accidents », se dit extrêmement préoccupé. « Je reconnais que la situation est urgente, mais nous devons vraiment éviter d’être forcés de prendre ce genre de mesures inconsidérées qui pourraient compromettre la sécurité des patients ».
Cette polémique intervient au moment où le Royaume-Uni s’interroge sur les compétences des praticiens qui exercent sur son territoire mais ont été formés hors de l’Union Européenne. Les examens dont seront dispensés les praticiens indiens viennent justement d’être jugés... trop laxistes par une étude publiée dans le British Medical Journal. Plus de la moitié des médecins étrangers ne seraient pas autorisés à exercer s’ils devaient passer les mêmes tests que leurs confères britanniques. Un facteur d’inquiétude dans un pays où 27 % des praticiens inscrits au General Medical Council (équivalent de l’Ordre des médecins) ont été formés hors d’Europe.
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