LES DISPARITÉS géographiques de santé des enfants scolarisés sont-elles liées à leurs modes de vie? Pour répondre à cette question, les auteurs de l’article publié dans le BEH se sont appuyés sur l’enquête réalisée en grande section de maternelle, en 2005-2006, par les ministères de la Santé et de l’Éducation. Cette enquête, menée à partir du bilan de santé obligatoire, a été effectuée auprès de 23 518 élèves. La quasi-totalité des enfants (98,5 %) étaient nés en 2000 et scolarisés dans le secteur public (87,5 %), dont 12,8 % dans une école classée en zone d’éducation prioritaire.
Au niveau national, 12 % des élèves de grande section étaient en surcharge pondérale (14 % des filles contre 10 % des garçons), un pourcentage plus faible que dans les autres niveaux scolaires : en 2004-2005, 19 % des garçons et 20 % des filles étaient en surpoids ou obèses en CM2 et ils étaient respectivement 17 % et 16 % en classe de 3e, en 2003-2004. « Mais c’est surtout la comparaison avec l’enquête antérieure qui est intéressante : la prévalence de la surcharge pondérale baisse de manière significative par rapport à 1999-2000, où elle touchait 14 % des enfants », commentent les auteurs.
C’est au Nord et à l’Est de la France que se trouvent les académies avec la plus forte surcharge pondérale, une forte prévalence qui rejoint celle élevée des adultes dans ces régions. La consommation de boissons sucrées y est également plus fréquente tandis que celle de fruits et de légumes suit une répartition géographique « beaucoup moins nette », même si elle semble plus fréquente dans le Sud-Est.
Ruralité et pauvreté.
Selon les auteurs, « la répartition observée tient sans doute beaucoup à la fois au caractère rural des académies et à la part des groupes sociaux les plus favorisés ». Les écarts sont importants pour les légumes mais moins marqués pour la consommation de produits laitiers. Par ailleurs, les enfants qui ne prennent jamais de petits-déjeuners sont plus nombreux dans l’Est. Les jeunes habitants du Nord et de l’Est souffrent également de caries plus fréquentes. « La santé bucco-dentaire est aussi un fort marqueur des inégalités sociales. En grande section de maternelle, 2 % des enfants de cadres ont au moins deux dents cariées non soignées, contre 11 % des enfants d’ouvriers ».
Les académies où les problèmes de vision sont fréquents sont aussi celles où les porteurs de lunettes sont nombreux : par exemple, dans l’académie de Caen, 28 % des enfants ont un problème de vision et 20 % portent des lunettes. « Mais ce n’est pas toujours le cas. Ainsi à Reims, seulement 13 % des enfants portent des lunettes, alors que 30 % d’entre eux ont des problèmes de vue. » Enfin, les problèmes d’asthme sont beaucoup plus fréquents dans l’Ouest de la France. « Cette surreprésentation de l’asthme sur la façade atlantique apparaissait déjà très nettement en 1999-2000 et on la retrouvait également chez les adultes ». Grâce à une analyse mettant en relation la santé des enfants et leurs habitudes de vie, les chercheurs ont mis en évidence la spécificité de certaines académies, comme celle de Reims, où la santé apparaît en moyenne moins bonne, marquée par une forte prévalence des problèmes d’audition, d’élocution ou de vision, ou de dents cariées. L’académie de Corse se caractérise à l’inverse par « une santé relativement bonne bien que les modes de vie des enfants, tels qu’ils sont saisis dans l’enquête, le soient moins ».
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