Alors que l'épidémie de pneumopathies associées à l’utilisation de la cigarette électronique se poursuit aux États-Unis, avec plus de 2 500 cas depuis l'été, de nouvelles analyses parues dans le « New England Journal of Medicine » confortent le lien entre l'acétate de vitamine E et la pathologie dite EVALI (pour E-cigarette, or Vaping, product use-Associated Lung Injury).
L'acétate de vitamine E est un agent épaississant qui peut être utilisé dans les produits de vapotage illicites contenant du tétrahydrocannabinol (THC). « Les substances huileuses [comme l'acétate de vitamine E] sont toxiques pour les poumons lorsqu’elles sont inhalées », indiquait en novembre au « Quotidien » la Dr Anne-Marie Ruppert, pneumologue à l’hôpital Tenon (AP-HP) et responsable du groupe Tabac et toxiques inhalés de la Société de pneumologie de langue française (SPLF).
De l'huile de coco et du limonène retrouvés chez deux patients
Les centres de prévention et de contrôle des maladies américains (CDC) ont collecté le liquide de lavage broncho-alvéolaire de 51 patients présentant une EVALI probable (26 patients) ou confirmé (25 patients) entre août et décembre 2019. La présence de plusieurs substances toxiques a été analysée : acétate de vitamine E, huiles végétales, huile de triglycérides à chaîne moyenne, huile de coco, distillats de pétrole et terpènes.
L'acétate de vitamine E a été détecté chez 48 des 51 patients ; les trois patients chez qui l'acétate de vitamine E n'a pas été retrouvé étaient des cas probables mais non confirmés d'EVALI. Aucune autre substance toxique n'a été détectée, sauf chez deux patients : chez l'un, de l'huile de coco a été retrouvée en plus de l'acétate de vitamine E, et chez l'autre, du limonène (un terpène), cette fois sans acétate de vitamine E.
À titre de comparaison, le liquide de lavage broncho-alvéolaire de 99 sujets sains a également été collecté entre 2016 et 2019 dans le cadre d'une étude sur le tabagisme ; il s'agit de non-fumeurs, d'utilisateurs exclusifs de cigarette électronique et de fumeurs de cigarettes exclusivement. Aucune des substances analysées n'a été identifiée chez ces sujets.
Une épidémie liée au marché illicite
Par ailleurs, pour 94 % des patients EVALI, l'utilisation de THC dans les 90 jours précédant la maladie a été rapportée ou bien détectée dans le liquide broncho-alvéolaire. La nicotine a été détectée chez 64 % des patients.
« Dans notre étude, la détection de l'acétate de vitamine E dans le liquide broncho-alvéolaire chez la plupart des patients atteints d'EVALI apporte la preuve que les produits de vapotage peuvent délivrer de l'acétate de vitamine E au niveau du liquide respiratoire épithélial », indiquent les auteurs. Il reste en revanche difficile de déterminer l'effet toxicologique du limonène et de l'huile de coco.
Par ailleurs, « les données qui ont été rapportées à ce jour indiquent que la présence d'acétate de vitamine E dans les produits de cigarette électronique correspond au moment de l'épidémie d'EVALI en 2019 », soulignent les auteurs, précisant que le fait de couper le THC avec de l'acétate de vitamine E serait devenu courant sur le marché illicite.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation