Comment aider un soignant en souffrance ou en détresse alors que déferle la deuxième vague épidémique, intensifiant la pression sur le système de santé ? L'association Soins aux professionnels de santé (SPS) — qui a reçu plus de 5 000 appels sur sa plateforme d'entraide depuis le début du premier confinement, soit autant qu'en trois ans — a ouvert quelques portes lors de son sixième colloque.
Les thérapies non médicamenteuses font partie de la panoplie. La méditation de pleine conscience, dérivée du bouddhisme, est déjà utilisée, notamment dans l'armée pour prévenir le stress post-traumatique. Elle peut aussi s'appliquer aux soignants sous pression, assure le Dr Marion Trousselard, médecin chef à l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA). « La situation sanitaire liée au Covid a généré beaucoup d'incertitude pour les soignants par rapport à leur travail, leur santé et celle de leurs proches, explique-t-elle. Ne pas avoir de réponse dans un environnement changeant est une source de stress et d'épuisement. Les méthodes de pleine conscience ont un intérêt pour mieux tolérer cette incertitude. »
Celles-ci permettent de « se reconnecter avec son corps, ses signaux internes, qui sont des garde-fous pour savoir à quel moment on souffre », complète le Pr Corinne Isnard-Bagnis, néphrologue à la Pitié-Salpêtrière (Assistance publique – Hôpitaux de Paris) formée à la pleine conscience aux États-Unis. « Nous ne devons plus être dans un modèle paternaliste, les soignants doivent prendre en considération leur propre ressenti », insiste le Pr Isnard-Bagnis, qui plaide pour intégrer cette méthode dans les formations initiale et continue.
Evaluer le surmenage
Pour les soignants de réanimation ou d'unité Covid, d'autres thérapies sont possibles. L'EMDR (eye movement desensitization and reprocessing), qui s'effectue par des mouvements oculaires, a prouvé son efficacité dans le traitement du stress post-traumatique et de la dépression, assure le Pr Wissam El Hage, psychiatre au CHRU de Tours. Pour quantifier l'ampleur des syndromes anxieux et dépressifs chez la population soignante, ce praticien s'apprête à lancer, à partir du 20 novembre, une cohorte nationale auprès de 3 000 professionnels de santé exposés en première ligne. « Grâce à des outils virtuels et un QR code, ils pourront répondre à des questions en ligne tous les trois mois pendant un an et auto-évaluer leur stress et surmenage. En fonction des symptômes légers, modérés ou sévères, une offre de soins basée sur l'EMDR leur sera proposée en libéral ».
Mais les améliorations les plus urgentes portent sur l'organisation du travail et des soins, insiste le Dr Arnaud Chiche, anesthésiste-réanimateur à la polyclinique d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), fondateur du collectif « Santé en danger » qui réclame un Ségur n°2 pour les hospitaliers. Le médecin appelle à un « choc capacitaire » au niveau des personnels — une infirmière pour 6 patients et non pour 15 — mais aussi dans le domaine des lits de réanimation et hors réanimation, avec une architecture plus modulable des établissements hospitaliers.
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