La contrefaçon de médicaments est un commerce lucratif et peu risqué. Un médicament sur 10 vendu dans le monde est un faux, et ce pourcentage pourrait monter à 7 sur 10 dans certains pays, d’après l’OMS.
Selon l’Institut de recherche anti médicaments contrefaits (IRACM), le trafic mondial de faux médicaments a généré 55 milliards d’euros de profits en 2010. En France, les saisies de médicaments contrefaits, en transit sur le territoire, se sont accrues de 45 % en 2012. Les trafiquants ne s’y trompent pas. Ils savent qu’un euro investi dans ce commerce illégal peut rapporter vingt fois plus que dans le trafic de drogue, avec des risques bien moindres.
Au Sénégal, près de 4 tonnes de faux médicaments ont été saisies le 30 mai. Parmi eux, des antibiotiques, des corticoïdes, des antipaludéens, des antalgiques, des produits pédiatriques et des aphrodisiaques. 42 trafiquants ont été arrêtés. Une autre opération, menée conjointement dans dix pays de l’ouest africain, a permis entre les 27 et 29 mai de saisir 9 tonnes de produits contrefaits. Dans cette opération, les services de douane et de police des pays concernés ont été appuyés par Interpol.
Par ailleurs, 9,4 millions de faux médicaments, d’une valeur de 26 millions d’euros, ont été saisis par Interpol dans le cadre d’une opération menée simultanément dans 111 pays, et ciblant les sites de vente en ligne. Menée du 13 au 20 mai, l’opération, baptisée « Pangea VII », a débouché sur l’ouverture de 1 235 enquêtes, l’arrestation de 237 personnes à travers le monde, et la fermeture de plus de 10 600 sites Internet de vente.
Les États s’organisent. La France s’est dotée de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP). Service de police judiciaire, cet organisme anime et coordonne les investigations, centralise toutes les informations disponibles sur les réseaux, et mène des actions de formation. Les douanes françaises ont également été sensibilisées à ce problème dont elles n’ont pas toujours pris la mesure. De son côté, Interpol cordonne les actions de répression menées contre les groupes mafieux, ainsi que les opérations de saisies qui se multiplient ces derniers temps.
23 États européens ont déjà signé la convention Médicrime, élaborée par le Conseil de l’Europe en octobre 2011, qui durcit les sanctions pénales encourues par ces faussaires. La France est en train de la ratifier. L’Hexagone met également la dernière main à un accord de partenariat avec les États-Unis dans la lutte contre ce trafic. Il devrait être signé prochainement.
Les laboratoires ont pris la mesure du problème. Sanofi a mis sur pied à Tours le laboratoire central d’analyse des contrefaçons (LCAC, voir ci-contre). Le numéro un français est aussi à l’origine de la création de l’IRACM, qui forme médecins, pharmaciens, douaniers, policiers ou régulateurs de santé, engagés dans la lutte contre le trafic de faux médicaments.
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