Plutôt qu'un « catalogue d'espoirs déçus », c'est une « vision, un récit, une volonté » que propose Emmanuel Macron dans son ouvrage « Révolution »*, paru une semaine après sa déclaration de candidature à l'élection présidentielle de 2017.
La santé et la protection sociale y sont abordées par touches légères, davantage pour affirmer sa volonté de réformer le pays à tous les étages que pour présenter un programme officiel.
Avec un père PU-PH (chef du service de neurologie du CHU d'Amiens), une mère médecin-conseil, un frère radiologue et une sœur néphrologue, Emmanuel Macron gravite dans un milieu où les discussions médicales sur « la vie de l'hôpital, l'évolution des pratiques et des recherches » sont monnaie courante.
Les limites du paiement à l'acte
Emmanuel Macron juge que les questions de protection sociale et d'accès aux soins sont trop souvent cantonnées dans le débat public aux affaires de gros sous. Alors que la question de la juste rémunération des médecins libéraux trouve souvent sa place dans les programmes politiques, l'énarque estime que s'en tenir à cette approche revient à « passer à côté des vrais problèmes ». « Le débat n'est pas de savoir s'il faut augmenter le coût de la consultation de deux ou trois euros », mais de combattre les inégalités de santé et développer en priorité une politique de prévention incitative, insiste-t-il.
Pour faire leur métier, les médecins doivent être délestés des tâches administratives et de certaines missions, juge Emmanuel Macron. Cette « révolution » copernicienne suppose la création de prises en charge forfaitaires pour les patients « très jeunes » et « très âgés », le praticien restant libre d'y adhérer. Une chose est certaine, estime l'ancien ministre de l'Économie de François Hollande : « le paiement à l'acte ne peut pas être le mode unique de rémunération des médecins généralistes ».
Des économies franches, mais pas des coups de rabot
À l'hôpital, Emmanuel Macron partage les convictions de nombreux responsables de la droite – François Fillon en tête – lorsqu'il réclame plus d'autonomie pour les établissements et un « décloisonnement » entre le public et le privé. Citant volontiers en exemple la Haute-Savoie, où il a clos en septembre, devant 500 médecins, le congrès CHAM, le candidat à l'Élysée évoque la maison de santé de Chamonix – modèle à « accélérer » – et le petit hôpital de Sallanches, où exercent des médecins libéraux pour assurer la continuité des soins. « Le changement ne sera pas dicté d'en haut, il sera porté par le bas », assure-t-il.
L'ancien inspecteur des finances ne pouvait raisonnablement écrire un livre de 270 pages sans aborder la santé sous l'angle économique. Préférant la réforme à la « relance » ou la « rigueur », il dit vouloir « maintenir un haut niveau de solidarité pour les dépenses de santé », tout en poursuivant la politique de réduction des dépenses publiques, mais en privilégiant des « économies franches » plutôt que des « coups de rabots successifs ». Selon lui, « Il faut penser la réforme non pas par années […] mais sur plusieurs années ». Une politique au long cours que réclament hôpitaux, cliniques et industriels, en quête de visibilité budgétaire.
Âgé de 38 ans, Emmanuel Macron cible trois domaines « prioritaires » pour l'investissement public : la transition écologique, la fibre numérique et le « capital humain ». Il appelle de ses vœux un meilleur financement de l'innovation en recherche et développement et une simplification du système administratif français, qui encourage les plus brillants cerveaux à fuir à l'étranger.
* Révolution, Emmanuel Macron, XO Éditions, 17,90 euros, 270 pages, 24 novembre
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