La rougeole est-elle de retour aux États-Unis ? Alors que le virus avait été déclaré éliminé du pays en 2000, le Center for Disease Control and Prevention (CDC) est en train d’enregistrer un nombre de cas record pour l’année 2014. Entre le 1er janvier et le 20 juin, la célèbre institution d’Atlanta en a compté 514, contre moins de 200 en 2013 et une cinquantaine en 2012. Il faut remonter à 1994 pour voir des niveaux similaires, et la situation ne peut qu’empirer.
Le CDC estime que la flambée actuellement observée est causée par des voyageurs qui ont ramené la maladie de l’étranger. Le principal foyer semble être localisé aux Philippines, où près de 40 000 cas ont été recensés entre janvier et mai 2014.
Arrivé sur le sol américain, le virus trouve un terreau fertile dans certaines communautés non vaccinées. En effet, toujours d’après les enquêtes effectuées par le CDC, l’immense majorité des patients infectés cette année n’étaient pas immunisés. Environ 85 % d’entre eux invoquaient des raisons religieuses, philosophiques ou personnelles pour expliquer leur décision de ne pas se protéger contre la maladie, ou de ne pas protéger leurs enfants.
Il faut dire qu’aux États-Unis, les « anti-vaxxers » sont légion. Ils citent régulièrement des recherches publiées au début des années 2000 par le Dr Andrew Wakefield, qui prétendaient démontrer un lien entre l’autisme et le vaccin anti-rougeoleux. Le « Lancet », dans lequel ces résultats ont été publiés, a depuis retiré l’article où ils étaient présentés. Ce qui n’a pas empêché les théories du Dr Wakefield de recevoir un écho disproportionné outre-Atlantique.
Et la France ?
Mais attention, la rougeole est loin d’être un problème uniquement américain. Les raisons des épidémies diffèrent, mais il faut rappeler que d’après l’Institut de veille sanitaire (InVS), 23 300 cas de rougeole ont été recensés en France entre 2008 et 2013, dont près de 15 000 pour la seule année 2011.
D’après Daniel Levy-Bruhl, épidémiologiste à l’InVS, une petite partie de la population française (y compris une petite partie des médecins) reste aujourd’hui hésitante face à la vaccination. Cette réticence tient principalement à la croyance selon laquelle la rougeole serait une maladie bénigne, ainsi qu’à la peur des effets secondaires. Résultat : si environ 90 % des enfants français reçoivent actuellement la première dose du vaccin à temps (à 1 an), ils ne sont qu’environ 70 % à recevoir la seconde dans les délais (à 2 ans).
Un résultat inquiétant, car M. Levy-Bruhl rappelle que la rougeole peut tuer. « Il s’agit d’une maladie tellement contagieuse que même avec une petite proportion d’enfants non vaccinés, le réservoir de sujets non immunisés permettant au virus de circuler est vite atteint », explique l’épidémiologiste. Des efforts restent donc encore à fournir si l’on veut atteindre un jour l’objectif d’éradication de la maladie en Europe, qui avait été fixé pour… 2010.
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