La quasi-totalité des 47 affections chroniques, en particulier la trisomie 21, le retard mental, l'insuffisance rénale chronique terminale en dialyse, la transplantation rénale, la transplantation pulmonaire, un cancer actif du poumon ou encore une mucoviscidose, est à risque de formes graves de Covid-19, voire de décès, hormis la dyslipidémie, met en lumière une étude de cohorte menée sur la quasi-totalité de la population française, soit plus de 66 millions de personnes.
Ce travail réalisé par Epi-Phare, le Groupement d’intérêt scientifique (GIS) ANSM-CNAM et publié ce 9 février, confirme par ailleurs que « les personnes âgées sont de loin les plus fragiles » et que les hommes sont plus vulnérables que les femmes face au virus.
À partir du système national des données de santé (SNDS), les chercheurs ont analysé les données des 66 050 090 personnes vivantes au 15 février ayant eu une prestation de soin remboursée dans l'année précédente. Parmi elles, 87 809 (134 pour 100 000) ont été hospitalisées pour Covid-19 entre le 15 février et le 15 juin 2020 et un sous-groupe de 15 661 (24 pour 100 000) est décédé à l’hôpital. Les auteurs ont ensuite étudié le lien entre 47 maladies chroniques et le risque de développer une forme grave, voire létale, d'infection à coronavirus.
Sept pathologies particulièrement à risque
L'originalité de ce travail tient à ce qu'il livre une estimation précise des risques que font courir des pathologies chroniques à l'égard du Covid-19. Car toutes, sauf la dyslipidémie (négativement associée), sont associées à des risques accrus d'hospitalisation ou de décès.
Sept pathologies semblent affaiblir particulièrement les patients : trisomie 21 (7 fois plus de risque d’hospitalisation et 23 fois plus de risque de décès) ; retard mental (respectivement 4 et 7 fois) ; mucoviscidose (4 et 6 fois) ; insuffisance rénale chronique terminale sous dialyse (4 et 5 fois) ; cancer actif du poumon (3 et 4 fois), ainsi que transplantation rénale (5 et 7 fois) ; ou transplantation du poumon (3 et 6 fois).
L'obésité semble absente de la liste : dans la discussion, les auteurs soulignent qu'elle est sous-estimée, puisque seules sont repérées les formes les plus sévères ayant nécessité une hospitalisation ou une chirurgie bariatrique. Elle reste néanmoins prise en compte, de façon indirecte, à travers d'autres pathologies chroniques comme le diabète ou l'hypertension. Pour le diabète (3,8 millions de patients traités en France), le risque d'hospitalisation est augmenté de 64 % et celui de décès de 75 %.
Si ce travail ne vise pas à comprendre les causalités sous-jacentes, il doit permettre aux professionnels de repérer les patients les plus à risque, pour optimiser leur prise en charge, et aux autorités, « de mieux cibler leurs campagnes de vaccination », lit-on.
L'âge reste le principal facteur de risque
L'étude confirme en outre que les hommes sont plus à risque que les femmes (1,4 fois plus pour l'hospitalisation et 2,1 pour les décès). Pour les seniors, de loin les plus fragiles, l'augmentation des risques est exponentielle avec l'avancée en âge. Par rapport aux 40-44 ans, le risque d’hospitalisation est doublé chez les 60-64 ans, multiplié par 6 chez les 80-84 ans et par 12 chez les 90 ans et plus.
L'association est encore plus marquée pour le risque de décès, avec, par rapport aux 40-44 ans, un risque multiplié par 12 chez les 60-64 ans, par 100 chez les 80-84 ans et par presque 300 chez les 90 ans et plus. En cause, le déclin des défenses immunitaires : « La réplication virale est alors moins bien contrôlée et la réponse inflammatoire de l’organisme accentuée. Par ailleurs, les cytokines semblent directement contribuer à l’hypercoagulation et prédisposent ainsi au risque d’ischémie et de thrombose », lit-on.
Enfin, l’étude montre que le lien entre indice de défavorisation et risque de formes graves de Covid-19 est fort chez les moins de 80 ans, avec un risque de décès multiplié par deux chez les plus défavorisés par rapport aux plus favorisés.
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