CÉCILE DUFLOT a offert, lundi soir, sur France 2, l’incroyable exemple d’une contradiction assumée en se servant d’un langage d’où le oui et le non étaient exclus et d’où il ressortait qu’elle cumulait deux fidélités diamétralement opposées, celle qui l’attache à son mouvement, EELV, et celle qui la lie étroitement au gouvernement. Son interlocuteur, David Pujadas, a cru trouver dans les propos de la ministre du Logement l’indication que, pour sa part et à titre personnel, elle approuvait le traité européen, mots qu’elle s’est refusée à prononcer. Pourquoi Mme Duflot a jugé utile d’accepter l’invitation de France 2 pour y tenir ce discours de funambule, comment elle a cru qu’elle nous éblouirait par son incompréhensible dialectique, comment elle se convainc que, sous sa phraséologie d’intellectuelle, se cachent des notions très simples comme l’ivresse du pouvoir ou l’incapacité à choisir, toutes ces questions nous laisseront longtemps perplexes.
Amateurisme politique.
Là-dessus, voilà que Eva Joly, du haut de son immense autorité, prononce un arrêt définitif sur la cruauté des médias qui se seraient jetés sur l’affaire avec un appétit de cannibale, et met en cause « le Monde » lequel, dans son éditorial de lundi, réclamait le renvoi des deux ministres par M. Ayrault. Mme Joly a sûrement manqué une nouvelle occasion de se taire. Une fois encore, le commentaire d’un journal est jugé, par l’ex-juge, plus scélérat que le raisonnement hallucinant auquel la confusion des idées et des sentiments a conduit Mme Duflot. Bref, voilà deux dames qui, toutes deux, auraient dû rester silencieuses. La première parce qu’elle n’a cessé de nous donner des leçons de vertu politique avant d’accéder au pouvoir et de s’y accrocher avec le même acharnement que celui qu’elle reproche aux gens de droite ; la seconde, parce qu’elle nourrit une paranoia paisible au nom de laquelle elle demeurera toujours victime de la méchanceté humaine, jamais de ses erreurs, de ses gaffes, de ses divers contre-emplois et qui, quand se pose un problème aussi grave, celui de la cohérence, de la continuité politique, de la capacité à se sacrifier au nom de ses idées, élimine un problème en attaquant ceux qui constatent son existence.
UNE MINISTRE QUI NE LA FERME PAS ET NE DEMISSIONNE PAS D4AVANTAGE
Est-il au moins permis aux médias honnis d’évaluer la portée de la décision des Verts ? Ils ont délibérément porté atteinte à la cohésion de la majorité, aggravant le sentiment populaire que ni le président de la République ni le Premier ministre ne contrôlent leurs troupes ; ils ont alarmé nos partenaires européens qui se demandent, non sans une vive inquiétude, si, dans ce contexte d’amateurisme politique, la France va mener à bien son programme de redressement ; ils ont mis l’Élysée et Matignon devant le fait accompli, avec la machiavélique certitude qu’un remaniement à la rentrée accentuerait encore la baisse du niveau de crédibilité du pouvoir. À peu près sûrs de l’impunité, les ministres verts ne se sont pas crus obligés d’intervenir pour éviter le dérapage de leur Comité national. Ce résultat est-il la faute des journalistes ?
Il ressort de cet épisode -et il y en aura d’autres car le monde la gauche est plein de gens imprévisibles qui parlent plus souvent qu’à leur tour- que EELV, qui s’est forgé au fil des ans une culture de générosité, de simplicité, de dévouement à la cause, de pureté idéologique, de moralisme exacerbé et de certitude impitoyable, est aussi celui où l’on trouve des gens qui, comme dans les autres partis, aiment le pouvoir pour le bonheur de l’exercer plus que pour servir. Il n’y a pas un citoyen de ce pays qui ne s’est pas demandé pourquoi il n’adhère pas aux Verts, dès lors que le développement durable est le plus grand défi de l’avenir, qui ne se sente coupable de ne pas militer dans ce sens, qui n’ait pas cru que les écologistes, s’ils ont le vilain défaut de s’adresser aux autres avec condescendance et ironie, comme un prêtre le ferait avec quelqu’un qui n’a pas la foi, soutiennent une cause essentielle. Mme Duflot vient de nous apprendre qu’il faut relativiser tout cela.
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