Foudroiement au parc Monceau : un événement extrêmement rare

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Publié le 31/05/2016
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Crédit photo : AFP

Onze personnes blessées par la foudre dont huit enfants, cinq personnes toujours hospitalisées. Cet accident rarissime survenu ce samedi au parc Monceau à Paris a remis au cœur de l’actualité les risques encourus en cas d’électrisation, et la conduite à tenir dans de tels cas.

Le Dr Lamhaut, médecin au SAMU de Paris de l’hôpital Necker, le confirme : « Cet événement est exceptionnel, tant par sa nature que par le nombre de victimes concernées, en majorité des enfants ». Concernant la prise en charge médicale, il souligne que « tout s’est déroulé de façon rapide et fluide dans le cadre d’une prise en charge classique d’urgence vitale collective ».

Celle-ci impliquant plusieurs véhicules de premiers secours et du SAMU, ainsi qu’une équipe de régulation déportée pour faciliter la coordination médicale sur place. L’intervention d’un pompier présent sur les lieux a été décisive. « Il nous a donné des éléments essentiels comme le nombre de victimes et leur localisation, et a réalisé les premiers gestes de réanimation. »

Un décès aux Tuileries en août 2000

Au mois d’août 2000, un foudroiement était survenu dans le jardin des Tuileries à Paris, et avait provoqué le décès d’un jeune homme de 24 ans. Le rôle du téléphone portable avait été évoqué.

Le Dr Bertin Maghit, anesthésiste réanimateur au centre des brûlés de l’hôpital Edouard Herriot de Lyon et auteur d'un rapport sur la prise en charge du patient électrisé et foudroyé (SFAR, mars 2015) invite d'ailleurs à proscrire formellement le mobile en cas d’orage. « Si vous êtes dehors, en plein orage, le téléphone portable doit être éteint et mis au fond du sac », souligne-t-il.

« L’électrisation correspond à l’exposition à un courant électrique, avec toutes les conséquences pouvant en résulter : brûlures, lésions cardiaques, projections… L’électrocution est, quant à elle, un cas particulièrement grave d’électrisation, correspondant à un arrêt cardio-respiratoire. Dans les foudroiements, on peut donc assister aussi bien à des électrisations qu’à des électrocutions. » Dans son rapport, il rappelle que le foudroiement reste une cause de décès exceptionnelle, représentant 0,2 à 1,7 décès par million de personnes et par an.

Brûlures du 3e degré souvent délabrantes

Le Dr Bertin Maghit est lui aussi catégorique : « Ce type d’événement est extrêmement rare. La prise en charge de patients électrisés, par des courants haute tension, représente peu d’hospitalisations en France. Et celles-ci sont quasi exclusivement liées à des accidents du travail, chez des personnes travaillant dans un milieu à risque : électriciens, cheminots… Pour ces personnes comme pour celles victimes de la foudre, on assiste à une grande hétérogénéité dans l’expression clinique, avec une probabilité plus importante de brûlures au 3e degré, souvent très délabrantes, et une évolutivité secondaire des lésions imprévisibles. »

Si les foudroiements restent extrêmement rares, les électrisations accidentelles par courant basse tension sont, elles, plus nombreuses, représentant deux tiers des électrisations, mais ont aussi nettement diminué depuis 1980. Le rapport de l’institut de veille sanitaire (InVS) de mars 2015, estime ainsi à 0,51 pour mille, le nombre d’accidents de la vie courante provoqués par ces électrisations, concernant le plus souvent les enfants de moins de 5 ans, de sexe masculin.

Les dispositifs électriques pouvant être impliqués dans de tels accidents sont très variés, mais sont majoritairement les appareils d’éclairage : fils électriques, rallonges, prises… Le risque immédiat dans ce cas est cardiovasculaire. La formation aux gestes de premier secours, et la diffusion par les professionnels des messages de prévention, pourraient permettre de réduire encore l’incidence de ces événements.

Dr Etienne Pot

Source : lequotidiendumedecin.fr