« NOUS DEVONS être attentifs à tous les signaux, même faibles, qui peuvent nous mettre en alerte », a souligné Xavier Bertrand, à l’issue de la réunion des 8 et 9 décembre. Face aux menaces, « nous devons être en vigilance permanente », a-t-il indiqué. Le ministre de la Santé accueillait à Paris sept de ses homologues afin de réaffirmer, en présence de la directrice générale de l’OMS et du Commissaire européen en charge de la Santé et de la Politique des consommateurs, l’engagement des pays membres en faveur du GHSI et « leur vision commune d’une sécurité sanitaire renforcée ».
C’est en 2001, après les attentats du 11 septembre et l’envoi postal d’enveloppes contaminées par des bacilles du charbon à peine une semaine plus tard, que les ministres chargés de la Santé des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, d’Italie, d’Allemagne, du Japon et de France (G7) ont lancé une initiative de sécurité sanitaire mondiale pour permettre aux pays d’échanger ,de façon moins formelle que dans certaines enceintes institutionnelles multilatérales, sur les questions sanitaires relatives à la lutte contre le terrorisme et aux risques NRBC (nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques). Depuis, les crises se sont succédées, comme le sras (2003), la menace de grippe H5N1 puis H1N1 (2009) ou encore l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima et l’épidémie d’Escherichia coli en Allemagne (2001). Le contexte de la sécurité a évolué et le groupe a élargi son champ d’intervention à la préparation à une pandémie grippale et accueilli un nouveau membre, le Mexique en 2006.
Fukushima et E. coli.
Dix ans plus tard, au cours de leur réunion annuelle, il a beaucoup été question des deux grands événements de l’année. Le ministre de la Santé du Japon, Yoko Komiyama, a souligné combien le tremblement de terre suivi d’une menace de catastrophe nucléaire et d’une crise sanitaire a constitué pour le pays « un désastre sans précédent ». Il a aussi rappelé que, déjà, en 1999, le Japon avait dû faire face à l’attentat au gaz sarin perpétré dans le métro de Tokyo en 1995. Le ministre allemand Daniel Bahr a, lui, évoqué l’épidémie de E. coli, pour laquelle l’Allemagne a pu compter sur le GHSI et son réseau international de laboratoires.
À cette occasion, l’Allemagne a aussi pu vérifier la nécessité de mieux assurer la communication vers le grand public, un des thèmes mis à l’ordre du jour de la réunion de cette année. « Les maladies et les pathogènes ne sont pas les seules choses qui se propagent dans le monde. Il y a aussi la rumeur », a déclaré Daniel Bahr. Le GHSI a ainsi examiné l’influence grandissante des réseaux sociaux – Twitter, facebook - sur la gestion des crises sanitaires. Des réseaux susceptibles de contrecarrer la « parole officielle » mais qui peuvent aussi permettre « de toucher ceux qui n’ont pas accès à l’information classique » et « de lutter contre les rumeurs et la désinformation » a reconnu le ministre allemand. Dans le combat contre les menaces sanitaires, « nous n’avons le droit d’oublier aucune source et aucun canal d’information », a renchéri Xavier Bertrand. Les ministres ont reconnu le besoin de poursuivre les efforts pour mieux comprendre le rôle de ces nouvelles sources d’information et mieux y participer. Certains pays comme le Mexique l’ont d’ailleurs déjà expérimenté : « Tous les membres du cabinet ont des comptes personnels sur Twitter », a indiqué Salomon Chertorivski, secrétaire d’État à la santé du Mexique.
Contagion et supervirus.
De communication grand public, il a aussi été question à travers « Contagion », le film de Steven Soderbergh réalisé avec les conseils de l’OMS. « Je l’ai mis au menu du dîner d’hier soir », a reconnu Xavier Bertrand. En quelque sorte un débriefing en forme d’exercice où chacun a pu se demander : « Comment aurions-nous réagi ? ». Le ministre tire de ce scénario « crédible » plusieurs sujets susceptibles de nourrir le débat pour renforcer la préparation face à une pandémie : la nécessité d’une coopération rapide entre les pays, l’influence des médias, la rapidité de mise au point des vaccins et les critères qui président à la vaccination.
Dans les titres de l’actualité cette fois, c’est la mise au point du virus artificiel par Ron Fournier et son équipe du Centre Erasmus, aux Pays-Bas (« le Quotidien » du 8 décembre) qui a retenu l’attention du groupe des 8. « La recherche qui porte sur les mutations de virus que l’on connaît déjà fait partie de notre préparation. Il faut faire ces recherches mais elles sont sources de danger et doivent être réalisées dans un cadre strict et contrôlé », a souligné John Daly. Dans le cas hollandais, les règles ont été respectées. La réflexion se poursuit au sein du GHSI, notamment sur la diffusion des résultats de ces recherches. Margaret Chan l’a rappelé, depuis 30 ans, 40 nouvelles maladies ont émergé, la majorité d’entre elles provenaient de l’animal. « Une veille 24 heures par pour et 7 jours par semaines est indispensable », a-t-elle souligné.
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