Contaminé par le coronavirus après un rassemblement évangélique et confiné à Bernwiller (Haut-Rhin) avec sa femme et leurs quatre enfants, le Dr Jonathan Peterschmitt n'éprouve aucune inquiétude pour sa famille, dont certains membres sont également atteints, mais note que « le virus a toujours un coup d'avance ». « On est tous en très bon état général », rassure d'emblée par téléphone ce généraliste de 33 ans, père de quatre enfants de 1 à 7 ans.
Appel à l'ARS, dépistage positif et isolement
Lui-même et deux autres membres de sa famille ont été testés positifs au nouveau coronavirus – il ne dira pas lesquels par respect du secret médical – et tous les six se retrouvent cloîtrés à leur domicile, dans ce village proche de Mulhouse.
Fils du pasteur de l'église évangélique mulhousienne « La Porte ouverte chrétienne », le Dr Peterschmitt a participé du 17 au 24 février à une semaine de jeûne et de prière qui a réuni quelque 2 000 fidèles, un rassemblement à l'origine de la contamination de 10 personnes dans le département, selon la préfecture.
Fatigué, un peu « grippé » depuis le week-end qui a suivi ce rassemblement, le médecin n'a pas repris le travail ensuite mais n'a fait le lien entre les symptômes qu'il éprouvait et le virus que le dimanche 1er mars, lorsqu'il a entendu parler de contaminations dans le Haut-Rhin.
Pour ne pas risquer de contaminer ses patients, il a alors appelé l'ARS puis s'est fait dépister lundi matin. Positif, il a d'abord été hospitalisé à Strasbourg, à l'isolement, puis renvoyé chez lui (étant en bonne santé).
« J'aurais pu passer à côté »
Sans angoisse, la vie s'est organisée au domicile de cette famille nombreuse, qui disposait de réserves de nourriture, pour 14 jours de confinement. « On est resté tous les six ensemble, il n'y a pas de mesure particulière entre nous parce que même ceux qui sont négatifs sont considérés comme positifs de principe », explique le médecin. « Le risque n'est pas tellement pour ma famille mais pour ceux qu'on pourrait rencontrer. »
« Je n'ai eu aucune fièvre, juste quelques sueurs froides à droite à gauche », raconte-t-il, évoquant aussi de la toux et une rhinite. « Même en tant que médecin, je pense que si je n'avais pas eu vent de cas dans le coin, je n'aurais même pas fait la démarche (de dépistage, ndlr), cela aurait pu être n'importe quel type de virose, j'aurais pu passer à côté. »
Le virus a « toujours un coup d'avance »
Serein pour lui-même et ses proches, il l'est moins quant à l'ampleur de l'épidémie. « Je pense que d'autres foyers sont probablement déjà en train de se mettre en place ailleurs. Le virus a toujours un coup d'avance du fait de l'incubation », insiste-t-il.
Le préfet du Haut-Rhin Laurent Touvet a invité mercredi les personnes qui ont participé à ce rassemblement évangélique, qui ne nécessitait pas d'inscription préalable, à se manifester en appelant le 15 pour décrire les symptômes qu'elles ont, si elles en ont.
Fondée en 1966 par un pasteur mennonite, la Porte ouverte chrétienne est considérée depuis quelques années comme l'une des plus grandes églises protestantes évangéliques de France. Elle a inauguré en 2015 à Mulhouse un lieu de culte pouvant accueillir plus de 2 000 fidèles, sur le modèle des megachurch bâties par certains courants évangéliques aux États-Unis, et diffuse ses cultes sur Internet.
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