La faim chronique (sous-nutrition) et la malnutrition invisible (carences en micronutriments) dans le monde va augmenter respectivement, de 10 et 30 millions, le nombre d'années perdues en raison de la mortalité prématurée, de la maladie ou du handicap (DALYs), d'ici 2050, par rapport à 2010, et ceci indépendamment du changement climatique.
Ce constat pessimiste est tiré d'une nouvelle étude de l'Institut de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), du service de recherche du département de l'Agriculture des États-Unis (USDA) et de l'Institut de recherche indépendant RTI International, publiée ce 20 mai dans « The American Journal of Clinical Nutrition ». Si l'on tient compte du changement climatique, qui complique l'accès aux ressources, ce nombre d'années perdues augmente encore de 10 %.
Selon les estimations antérieures à la crise liée au Covid-19, 10 % de la population mondiale connaît déjà la faim ou l'insécurité alimentaire. L'objectif du développement durable de « zéro famine » d'ici 2030 est déjà « un énorme défi » ; il l'est d'autant plus que le changement climatique s'accélère et que la population continue de s'étendre. Sa croissance, notamment dans l'Afrique subsaharienne, devance largement les investissements actuels réalisés pour la nourrir.
Contrebalancer le changement climatique par l'investissement
Les chercheurs appellent les politiques à contrebalancer les conséquences du changement climatique en investissant dans les systèmes alimentaires. « L'investissement dans la recherche et le développement de l'agriculture, des systèmes d'irrigation, de l'accès aux marchés et des infrastructures est indispensable » pour enrayer la perte à la hausse du nombre d'années de vie en bonne santé, commente Robert Beach, économiste senior et membre du RTI.
Pour contrebalancer largement les effets du changement climatique et éviter qu'il ne creuse la perte d'années de vie en bonne santé, l'investissement annuel devrait s'élever à 25,5 milliards de dollars, calculent les auteurs. Cela permettrait notamment de réduire le phénomène en Asie de l'Est et du Sud.
Les effets néfastes du Covid
L'insécurité alimentaire devrait s'aggraver à la suite de la crise mondiale liée au Covid-19, alerte par ailleurs Sébastien Abis, directeur général du club de réflexion sur l'agriculture Demeter et chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Si les récoltes ont été bonnes en 2018 et 2019, ce ne fut pas le cas en 2020 à cause du climat. Puis « confinements territoriaux, baisse des revenus et chômage ont accentué la paupérisation des consommateurs, explique-t-il à l'AFP. Parallèlement, le Covid-19 a accentué les tensions sur les prix alimentaires pour diverses raisons », une tendance qui pourrait même s'accroître.
« Globalement on produit assez de nourriture pour nourrir la Planète. Mais elle ne se trouve pas dans les pays qui en ont le plus besoin. Il faut donc la déplacer de plus en plus pour rapprocher l'offre et la demande », estime-t-il, tout en se déclarant « plus inquiet qu'il y a un an par rapport à l'état de la sécurité alimentaire mondiale ».
« Les zones les plus menacées par le cocktail explosif mixant tensions géopolitiques, sociales et problèmes structurels des systèmes alimentaires, sont sans conteste l'Afrique du Nord, le Moyen-Orient et certains pays africains subsahariens. Sans compter l'Amérique latine et du Sud, en pleine ébullition », conclut-il.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation