À L’EUROPE ELLE-MÊME. L’accord conclu lundi dernier a au moins un mois de retard. Ce qui a permis à tous les acteurs financiers de regarder de plus près cet océan de dettes où baignent les économies de la zone euro. Les pays membres de la zone ne sont pourtant pas plus endettés que les États-Unis. Entre l’euro et le dollar, c’est Charybde et Scylla. Le dollar est structurellement faible depuis des années parce que l’Amérique a été incapable de redresser ses comptes et vit, elle aussi, à crédit. Avec cette circonstance aggravante qu’il n’y a aucune comparaison possible entre l’épargne privée aux États-Unis et en Europe, notamment en France, pays-roi des économies personnelles. Dans ces conditions, pourquoi la spéculation attaque-t-elle la monnaie unique ? Parce que les gouvernements européens, par leurs hésitations, leurs louvoiements, leurs querelles à propos de la crise grecque, ont fourni la preuve éclatante de l’absence de gouvernance de l’Europe. Ils ont exposé les carences du traité de Lisbonne, inadapté aux temps de crise. Ils ont exprimé des sentiments nationalistes incompatibles avec l’euro, monnaie commune. Ils ont donné raison à des pays comme la Grande-Bretagne, furieusement anti-monnaie unique.
Entre deux maux.
Aujourd’hui, les gouvernements européens, qui ont si mal géré la crise grecque du fait de l’Allemagne, accusent les agences de notation (Standard and Poors, Moody’s et Finch) qui ont dégradé la note de l’Espagne, de favoriser la chienlit financière. Ils contestent la légitimité des décisions de ces agences et du rôle excessif qu’elles jouent dans l’univers financier. Mais ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Ils ont partiquement fait tout ce qu’il fallait pour déclencher le chaos sur les places financières. Si, au premier jour de la menace de défaut de la Grèce, les gouvernements (et surtout les institutions de l’Union) avaient froidement évalué les conséquences de cette crise, ils n’auraient pas perdu une minute pour annoncer l’édification d’un barrage d’argent infranchissable pour empêcher le naufrage de la Grèce. On ne reviendra pas ici sur le comportement de l’Allemagne dont nous avons déjà expliqué les motivations, parfois acceptables, mais pas au regard des enjeux énormes que cachait la crise grecque. On n’ignorera pas non plus l’absurdité d’une situation où des pays déjà affreusement endettés doivent emprunter sur les marchés pour prêter à la Grèce (avec une marge de profit). On connaît très bien ces arguments. Mais entre deux maux, il fallait choisir le moindre. Et il fallait le faire vite.
LA GESTION POLITIQUE DÉSASTREUSE D’UNE CRISE FINANCIÈRE TRÈS GRAVE
Et maintenant ? La Grèce ne sera sauvée par l’aide européenne que si les Grecs finissent par accepter l’effroyable plan d’austérité mis en place par le gouvernement de Papandréou ; et encore n’est-ce pas certain, car la consommation grecque ne risque pas, dans les années qui viennent, de soutenir la croissance. Pour l’Espagne et le Portugal, les chances sont à peu près nulles que, au cas où elles ne pourraient pas payer leurs dettes, l’UE trouve les ressources pour empêcher leur faillite. Après les deux pays de la péninsule ibérique, la France et l’Italie seront face à la mitraille de la spéculation. La baisse de l’euro augmente les prix de l’énergie et crée en conséquence une menace inflationniste en Europe. Les politiques de réduction de dettes publiques, en France et ailleurs, doivent être crédibilisées par l’annonce de mesures draconiennes. Chez nous, la majorité et l’opposition, le gouvernements et les syndicats se trompent s’ils croient qu’il existe une alternative à la hausse des prélèvements obligatoires et aux sacrifices qui doivent être exigés d’abord des ménages à hauts revenus, ensuite des classes moyennes. On croit rêver quand on assiste à la valse à trois temps qui sert de négociation sur les retraites, quand on sait que, pour le moment, rien n’est fait à propos des déficits sociaux et budgétaire, quand tout le monde attend une croissance qui sera d’autant moins forte que le consommateur français sera taxé, quand ceux qui ont le pouvoir nous assurent qu’ils vont négocier confortablement ce virage en épingle à cheveux, et ceux qui le réclament nous promettent qu’ils désendetteront la France avec l’argent des « riches ».
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