LE SUIVI de cohortes d’enfants a un double intérêt. L’un est d’évaluer l’importance de l’hypothèse DOHaD (Developmental Origins of Health and Disease, origine développementale de la santé et des maladies), selon laquelle les conditions environnementales, dès la période intra-utérine, ont un impact sur le développement de maladies à âge adulte. Le lien a été démontré, par exemple, entre un petit poids de naissance et un risque ultérieur accru de maladies coronariennes. Deuxième intérêt fondamental : mieux comprendre les inégalités sociales de santé qui persistent, en dépit d’un niveau de santé globalement bon en France, et qui débutent très tôt dans la vie.
L’étude ELFE, pilotée par l’INED avec l’INSERM et l’Établissement Français du sang, implique de nombreuses équipes (une soixantaine, avec plus de 100 projets de recherche) de disciplines différentes couvrant trois domaines : la santé, les relations santé-environnement, les sciences sociales. Quelques exemples de thèmes relatifs à la santé : le rôle de l’environnement nutritionnel précoce sur le développement ultérieur d’une obésité, l’impact de l’environnement intérieur sur la santé respiratoire de l’enfant, les séquelles à long terme des accidents de l’enfance.
L’ambition des chercheurs d’ELFE est d’apporter des connaissances qui seront prises en compte dans les recommandations de politiques sociales et de santé publique, l’objectif ultime étant de contribuer à améliorer la santé et le bien-être de l’ensemble des enfants.
Les pères aussi.
En pratique, les enfants sont intégrés dans l’étude lors de leur naissance dans l’une des 344 maternités tirées au sort. La mère remplit un questionnaire (habitudes alimentaires, domestiques et de loisirs pendant la grossesse) et, dans certaines maternités, des prélèvements sont réalisés (recherche de polluants, de toxiques, composition du lait maternel, analyse du microbiote intestinal...). Le suivi est ensuite réalisé par entretiens téléphoniques, 6 à 8 semaines après l’accouchement, puis tous les ans jusqu’aux 4 ans de l’enfant et de façon plus espacée ensuite jusqu’à l’âge de 20 ans Des visites à domicile auront lieu occasionnellement (par exemple dans le cadre de l’étude sur l’impact de l’environnement intérieur sur l’asthme, un dispositif de recueil de moisissures sera mis en place à domicile).
Une des originalités d’ELFE par rapport aux cohortes étrangères est d’impliquer les pères, qui seront contactés « presque aussi souvent » que les mères.
Sur l’ensemble des mères sollicitées pour participer à l’étude, 51 % ont répondu favorablement. Entre le 28 novembre et le 5 décembre, il restait encore 7 400 bébés à recruter.
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