L’ÉTUDE EURO-PERISTAT financée par la Commission européenne et coordonnée par l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) permet de décrire les caractéristiques des femmes enceintes et des nouveau-nés, leur santé et les pratiques médicales pendant la grossesse, l’accouchement et le post-partum. Le rapport 2013 porte sur les données 2010 de 26 pays membres de l’Union européenne, plus l’Islande, la Norvège et la Suisse. Là aussi, des disparités existent. « La France est le seul pays d’Europe avec Chypre, à ne pas disposer de données systématiques pour toutes les naissances, ni sur l’âge gestationnel des nouveau-nés, ni sur leur poids », soulignent les chercheurs de l’INSERM. Contrairement aux autres pays, les bulletins de naissance français ne disposent pas de telles informations et il n’existe pas de registre médical exhaustif des naissances, comme le recommande d’ailleurs l’Académie nationale de médecine depuis 2010. Si quelques améliorations ont été apportées très récemment, notamment pour les données concernant l’âge gestationnel et le poids de naissance qui figurent dans le PMSI (Programme de médicalisation des systèmes d’information), « la France demeure très en deçà de ses voisins en matière de données disponibles ». Résultat : « Nous ne pouvons pas surveiller la mortalité ou la morbidité dans des groupes de la population à risque, comme les enfants très prématurés », souligne Jennifer Zeitlin, coordinatrice de l’étude et chercheur à l’INSERM (Unité 953 « Recherche épidémiologique en santé périnatale et santé des femmes et des enfants »).
Taux d’IMG important.
Les données confirment que la France a le taux de mortinatalité (naissance d’enfants sans vie) « le plus élevé d’Europe » de 9,2 pour 100 000 naissances, comme cela était déjà le cas en 2003 lors de la précédente édition publiée en 2008. Selon les chercheurs, ce taux s’explique par le fait que 40 à 50 % des mort-nés en France « seraient attribuables à des interruptions médicales de grossesse (IMG) », comme le suggère un registre périnatal mis en place dans 3 départements de la région Rhône-Alpes. Cette part des IMG « est bien supérieure à celle qu’on observe dans les autres pays qui peuvent distinguer les IMG des autres mort-nés », précisent-ils. Cette particularité française « pourrait s’expliquer en grande partie par une politique très active de dépistage des anomalies congénitales et une pratique des IMG relativement tardive, alors que dans les autres pays où les IMG sont autorisées, elles sont plus souvent réalisées avant 22 semaines, c’est-à-dire avant la limite d’inclusion des naissances dans EURO-PERISTAT », relèvent les auteurs. Toutefois pour bien comprendre cet écart, la France a besoin d’améliorer son recueil d’indicateurs.
En revanche, des données exhaustives sont « disponibles et fiables », précisent les chercheurs, sur les morts maternelles et les enquêtes nationales périnatales fournissent des données de « bonne qualité » sur les indicateurs démographiques et sociaux des mères, sur la prise en charge médicale pendant la grossesse et l’accouchement et sur certains indicateurs de santé des nouveau-nés.
Jamais parmi les 5 meilleurs.
Sur ces autres indicateurs de santé, si « la France est bien placée en Europe », elle « ne se trouve jamais parmi les 5 pays ayant les meilleurs résultats ».
La France se situe au 17e rang pour la mortalité néonatale (décès dans les 27 premiers jours après la naissance), avec un taux de décès de 2,3 pour 1.000 naissances vivantes, alors que les taux varient de 1,2 à 5,5 en Europe. La prématurité (naissance avant 37 semaines d’âge gestationnel) est en légère hausse, alors qu’il est baisse dans une dizaine de pays européens : le taux est passé de 6,3 à 6,6 % des naissances vivantes entre 2003 et 2010, plaçant la France au 10e rang européen après l’Islande, l’Irlande ou l’Estonie. Les grossesses gémellaires qui présentent un risque élevé pour la santé des femmes et des enfants sont en augmentation de 15,8 pour 1 000 femmes venant d’accoucher en 2003 à 17,4 pour 1 000 en 2010, un phénomène qui pourrait en partie provenir de l’augmentation de l’âge maternel. La mortalité maternelle, de 8,4 pour 100 000 naissances en France au cours de la période 2006-2010, fluctue entre 0 et 25 pour 100.000 naissances dans les autres pays étudiés. Mais ces taux sont à interpréter avec prudence, car ils sont « nettement sous-estimés » dans certains pays.
Concentration des accouchements.
Du point de vue de l’organisation des soins, le taux de césariennes atteint 21 % ce qui se situe la France parmi les pays « à taux plutôt bas » - il peut atteindre plus de 50 % dans certains pays européens. La France est en 6e position soit un gain de 7 place par rapport à 2003. « On assiste actuellement en France à une concentration des naissances dans de grandes maternités », avec une proportion de naissances dans des maternités de 3 000 accouchements ou plus en augmentation par rapport à 203 (19 % au lieu de 8 %), ce qui reste un taux faible par rapport aux autres pays européens comme l’Écosse (80 %) ou l’Islande (71 %) ou en core l’Angleterre (69 %). Parmi les facteurs de risques, deux caractéristiques maternelles sont préoccupantes : le pourcentage de femmes de 35 ans et plus atteint, augmente (19,2 % contre 15,9 %) et celui des femmes obèses (IMC ≥ 30), plus faible que dans les autres pays mais également en hausse (9,9 % contre 7,4 %).
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