Conflits à l'hôpital, prise en charge des patients 

La HAS sort une boîte à outils pour accompagner les équipes

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Publié le 26/02/2018
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Crédit photo : SPL/PHANIE

La Haute autorité de santé (HAS) a lancé en 2013 un programme d'amélioration du travail en équipe (nommé PACTE) pour aider les hospitaliers à perfectionner leurs pratiques et à sécuriser la prise en charge des patients.

L'institution vient de rendre public un rapport d'évaluation de cette expérimentation, qu'elle entend généraliser en 2018. Ce programme propose aux équipes de soins volontaires une boîte à outils (guide, animations de réunions thématiques, briefing, etc.) mobilisable à trois niveaux : diagnostic, action, évaluation de l'amélioration des pratiques.

18 équipes de soins ont participé à la première vague (2014) et 50 équipes ont fait de même l'année suivante. Dans un cas sur trois, l’établissement ou le service demandeur était « en situation de crise sévère (financière, conflits chroniques entre médecins et cadres dirigeants, restructurations) », note la HAS. Dans plusieurs cas, la survenue d'un évènement indésirable grave mal géré, un défaut dans l'organisation ou une réorganisation problématique sont à l'origine de la participation d'une équipe de soins à l'expérimentation.

Efficacité des jeux de rôle

Au CHU de Nice, 22 soignants – dont deux médecins et six infirmières – des urgences ont souhaité mieux prendre en charge les urgences vitales à deux niveaux : le rapport aux patients et le rapport entre professionnels. L'équipe a utilisé des questionnaires relatifs au leadership, un jeu de rôle, un outil de mesure de l'anxiété et du burn-out – qui a fait apparaître des personnels en souffrance. « L’outil de la simulation en santé est très efficace à la fois sur des éléments techniques (simples jeux de rôle sur un outil de communication) et sur des éléments plus complexes (scénarios avec charge émotionnelle, gestion des conflits, etc.) », a témoigné l'équipe. 

L’équipe de dialyse de l’Institut mutualiste Montsouris (IMM, Paris) a souhaité, elle, mieux gérer les patients vasculaires non programmés. L'idée est de faire en sorte que la réanimation, le service vasculaire, le bloc et la dialyse travaillent de manière plus collaborative afin de prévenir les désorganisations et les différends. Pour comprendre le travail de l'autre, les professionnels ont changé de vie le temps d'une journée ! Le chef de service et chirurgien vasculaire a suivi une infirmière du service dialyse. Un code couleurs a permis de clarifier le parcours du patient selon son degré d'urgences vitales, relatives et différées. Ces solutions  ont créé « de la transversalité », ont témoigné les soignants en retour d'expérience : « Il y a désormais moins de conflits et plus de respect […]. On est passé d’une lutte de pouvoir à une préoccupation patient »

Débrief systématique

Les 90 personnels – dont 14 médecins – du gros service de pneumologie adulte des Hospices civils de Lyon (HCL) ont fait appel à la HAS à la suite d'un changement de chef de service et dans la perspective d’une restructuration. L'expérimentation portait sur la communication au sein de l’équipe médicale et paramédicale, autour du patient atteint d'hypertension artérielle pulmonaire. La HAS a recommandé entre autres « un débriefing systématique après un conflit ou après un événement traumatisant »

Le résultat a été plus mitigé : le programme de la HAS « permet des prises de conscience collectives sur l’importance de facteurs humains et du travail en équipe pour la sécurité du patient lors du diagnostic, note l'équipe de pneumologie. Mais l’extension à d’autres services pose la question de faisabilité, étant donné la lourdeur du diagnostic.» 

A.B.-I.

Source : Le Quotidien du médecin: 9643