En 2013, 215 656 nouveaux cas de lèpre ont été déclarés à l’OMS dont 10 % chez les enfants. L’Inde, l’Indonésie et le Brésil concentrent 80 % des nouveaux cas. À l’occasion de la 62e journée mondiale des lépreux de ce 23 janvier, l’Ordre de Malte France rappelle que le combat contre la maladie n’est pas gagné.
Maladie infectieuse contagieuse, la lèpre se manifeste d’abord par des signes cutanés se résumant à une simple tache insensible, souvent décolorée. Lorsque la maladie évolue, les signes neurologiques apparaissent.
Les paralysies motrices et sensitives de la main sont particulièrement fréquentes, entraînant un risque de plaie et d’infections tardivement reconnues car non ressenties par le patient. Les mutilations qui peuvent en découler sont toujours graves : perte des deux mains, des deux pieds, moignons infectés de façon chronique, cécité bilatérale...
Dépistage au stade précoce
Certes, le traitement par polychimiothérapie (PCT, association de Rifampycine, Clofazimine et Dapsone) a fait ses preuves : depuis 1982, plus de 14 millions de malades ont été guéris (source OMS). Toutefois, malgré ce traitement, lorsque les signes neurologiques surviennent, leur réversibilité reste aléatoire : les paralysies peuvent évoluer pour leur propre compte. Il est donc essentiel de dépister les patients au stade cutané, avant la survenue de localisations nerveuses.
« Or, le problème de la lèpre c’est que la mycobactérie en cause a une durée d’incubation de plusieurs décennies (20 ans en moyenne). Pendant toutes ces années, la maladie reste silencieuse. Pour pouvoir détecter tous les malades à un stade précoce et les guérir, il faudrait que le dépistage, sur place, soit permanent. Actuellement, nous n’en avons pas les moyens », regrette le Dr Francis Chaise, chirurgien de la main et des nerfs périphériques, directeur des programmes lèpre Asie du Sud-Est, Ordre de Malte France. De fait, plus le diagnostic est précoce, plus tôt la PCT est administrée, et plus l’atteinte du bacille de la lèpre sur le tissu nerveux est limitée.
Réhabiliter et réinsérer
« Notre grande bataille, au sein de l’Ordre de Malte, depuis les années 1990, a été d’organiser des programmes de réhabilitation en Asie du Sud-Est et en Afrique pour prendre en charge les patients victimes de paralysies. Il nous a fallu mettre sur pied des infrastructures hospitalières, former localement des chirurgiens, des infirmiers, mais aussi, les patients à reconnaître les signes de la lèpre pour éviter l’infection, la septicémie ou l’amputation », note le Dr Chaise.
Outre le dépistage, le traitement, la chirurgie plastique et reconstructive et la réhabilitation, l’intervention de l’Ordre de Malte en Afrique et en Asie du Sud-Est est également axée vers la réinsertion sociale. « Nous avons notamment lancé un système de microcrédit pour que les personnes ayant des mutilations puissent travailler et sortir de la misère. Nous avons, par ailleurs, toujours un besoin urgent d’être épaulés par des infirmiers et des chirurgiens bénévoles que nous pouvons former. Quant à la générosité de la population*, elle est essentielle au maintien et au développement de nos actions en faveur des lépreux », conclut le Dr Chaise.
Pendant 3 jours, les 23, 24 et 25 janvier, l’Ordre de Malte France organise sa quête nationale. Près de 800 000 euros ont été collectés en 2014 pour soutenir les programmes de l’association notamment la recherche par le biais du programme MALTALEP qui bénéficie de 300 000 dollars par an.
* Pour faire un don : www.ordredemaltefrance.org.
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