La divulgation du rapport du groupe de travail convoqué par le ministère de la Santé italien a levé le voile sur l’utilisation de sérum bovin non certifié qui pourrait provoquer des maladies graves comme le sida.
La publication des comptes-rendus du groupe d’experts convoqués en juillet dernier par le ministère de la Santé pour enquêter sur les effets de la méthode Stamina et de la police scientifique ont provoqué un tollé au sein de la communauté médicale italienne.
Les experts affirment qu’il n’y a « aucune trace de cellules mésenchymateuses dans les cocktails d’infusion » mis au point par Davide Vannoni, l’inventeur du protocole qui devra soigner certaines maladies dégénératives. Et nettement plus grave, ces traitements peuvent provoquer des maladies infectieuses, comme la vache folle (Bse) et le sida.
Une population cellulaire ni purifiée, ni homogène
Pour les experts et la police scientifique interpellés par le ministère de la Santé, « la population cellulaire obtenue dans cette méthode, n’est ni purifiée, ni homogène, ce n’est pas une population de cellules staminales ». Ils estiment aussi que la transformation des cellules de la moelle osseuse en cellules neurales ne peut pas être démontrée à des fins thérapeutiques. Et parlent de l’utilisation de sérum bovin pour la culture des cellules mésenchymateuses du protocole Stamina. « Cette pratique n’est pas interdite à condition que le sérum soit prélevé sur des animaux provenant de pays où la vache folle n’existe pas », soulignent les experts. Hors les documents fournis par la fondation Stamina n’explique pas la provenance du sérum utilisé.
« Tout cela est ridicule, le protocole Stamina est basé sur l’utilisation de cellules staminales pures ! », a rétorqué Davide Vannoni qui veut porter plainte contre les experts.
Silence au ministère de la Santé
Le ministre de la Santé Beatrice Lorenzin, qui avait autorisé une période d’essais en milieu hospitalier en juillet dernier, préfère s’abstenir de tout commentaire dans l’immédiat.
En revanche, plusieurs pionniers de la recherche sur les cellules staminales en Italie comme le Pr Michele De Luca directeur du centre de Médecine régénérative de Modène, ont demandé le blocage irréversible d’une méthode dans « l’intérêt des patients et pour éviter de dépenser inutilement les deniers de l’Etat avec la prise en charge de traitements dangereux et inappropriés ».
Le Sénat qui avait demandé en mai dernier au ministère de la Santé d’autoriser les essais en milieu hospitalier, a annoncé l’ouverture d’une enquête. La commission Hygiène et Santé devra constituer un dossier comprenant les coupures de presse, les déclarations des experts et de la police scientifique et les appels de la communauté internationale très critique sur la méthode Stamina avant la fin de l’année.
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